La tension est palpable en Grèce, où des agriculteurs frondeurs continuent d'entraver le trafic avec plus de 20 000 tracteurs sur les routes, y compris l'aéroport d'Héraklion, occupé par des manifestants. Selon Sokratis Alifteiras, vice-président de la Fédération des associations agricoles de Larissa, ce nombre pourrait même atteindre 25 000 tracteurs. Actuellement, 55 points de blocage sont constatés à travers le pays.
Les revendications exprimées par les éleveurs et agriculteurs, notamment la demande de versement des subventions européennes, sont exacerbées par un vaste scandale de fraude touchant les aides agricoles. Ce dernier, qui vise particulièrement la Crète, a semé le trouble depuis plusieurs mois, plongeant les agriculteurs dans une crise de subsistance. Vaïos Tsiakmakis, un des producteurs de tabac et de coton en lutte, a déclaré : "Les prix sont si bas que notre coût de production dépasse nos gains. Nous ne pouvons plus survivre ainsi."
Les producteurs estiment avoir atteint un point de non-retour. Iordanis Ioannidis, un agriculteur de coton, a affirmé que le manque de volonté politique pour soutenir le secteur primaire est flagrant. "Nous n'avons pas le choix si ce n'est de nous battre pour notre survie", a-t-il souligné. Un autre agriculteur, Evripidis Katsaros, a partagé des chiffres alarmants : "Ma production de poires me coûte 31 000 euros par an, mais je ne gagne que 27 000 euros."
À Héraklion, l'aéroport international a repris ses opérations après avoir été bloqué par des agriculteurs, entraînant des retards importants. Des forces policières supplémentaires ont été déployées en raison des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, confirmées par la télévision publique ERT. Les routes principales, comme l'autoroute Athènes-Thessalonique, sont également touchées, avec de nombreux véhicules contraints de prendre des chemins détournés.
Kostas Tsoukalas, un producteur de coton de 47 ans, a exprimé une frustration croissante : "Si le gouvernement veut vraiment punir les malfaiteurs derrière le scandale de subventions, il doit récupérer cet argent et le redistribuer aux véritables agriculteurs." Lui et d'autres manifestants appellent à des mesures concrètes, dont des sanctions pénales pour ceux impliqués dans la fraude.
La situation demeure tendue, surtout après les échauffourées récentes en Crète où des agriculteurs ont affronté les forces anti-émeute. Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a promis d’engager le dialogue tout en avertissant les agriculteurs contre des manifestations non contrôlées. La situation économique, aggravée par des prix de produits en baisse, des coûts énergétiques élevés et une épidémie de variole ovine, augmente la pression sur les agriculteurs. « L'État doit agir ! » dénonce un porte-parole d'une organisation agricole locale.
Enfin, la procureure en chef du Parquet européen, Laura Kövesi, a promis de résoudre ce scandale, déclarant : "Nous allons nettoyer les écuries d'Augias." Les agriculteurs espèrent que cette promesse se traduira par des actions tangibles, pour enfin sortir de cette impasse.







