La motivation à rénover son logement ne suffit pas. Rassembler le financement nécessaire est souvent un véritable défi. Les établissements bancaires, bien connus pour leur aversion au risque, hésitent à soutenir des projets qu'ils jugent incertains.
"Les banques ne financent presque plus l'achat sans inclure la rénovation," alerte Marion Gouvenaux. "Il est crucial que l'emprunteur soit capable de couvrir le coût d'acquisition du bien ainsi que les devis pour les travaux." Cela implique souvent un apport minimum de 30%. "Un client qui prétend réaliser les travaux par ses propres moyens ne sera plus crédible pour les banques qui craignent un échec du projet," ajoute-t-elle.
Dans ce contexte, les acheteurs prudentiels sont souvent ceux qui disposent de solides ressources financières. En effet, récemment, une ferme à rénover sur 30 hectares de terrain a trouvé preneur dans une dame d'une cinquantaine d'années, qui envisage de transformer cet espace en lieu d'accueil et de séminaires.
La question des diagnostics de performance énergétique (DPE) est de plus en plus préoccupante pour les financeurs. "Les banques sont très attentives au diagnostic énergétique," souligne Romain Sadak. Pour les acheteurs, un devis de rénovation visant à améliorer l'isolation, les menuiseries ou le système de chauffage est donc indispensable pour constituer un dossier solide.
Cependant, de nombreux acheteurs préfèrent temporiser. "La rénovation thermique représente un saut dans l'inconnu," constate Fabrice Aurenty. "Les réglementations évoluent constamment et les propriétaires peinent à comprendre les aides qu'ils peuvent réellement obtenir," ajoute-t-il.
Une main-d'œuvre moins sollicité
En conséquence de cette prudence financière, les artisans de la Drôme-Ardèche subissent également un ralentissement de leur activité. "D'une manière générale, la demande s'est atténuée depuis l'été," constate Alexandre Thomasset, président de la Fédération du BTP Drôme-Ardèche. Bien qu’il continue de recevoir des requêtes pour des travaux d’embellissement, la tendance est à la réduction des projets de grande ampleur.
Il souligne que, malgré un besoin croissant d'artisans disponibles, "la méfiance des clients à l'égard des aides comme MaPrimeRenov' a accentué le flou quant aux possibilités d'obtention de financements," témoigne-t-il.
"Les clients craignent de ne pas être soutenus par ces aides, ce qui ternit leur enthousiasme pour entreprendre des travaux d’envergure," signale un autre agent immobilier de la région.
Un jeu d'équilibre national
Ce phénomène de crise de confiance s'observe à l'échelle nationale. Les particuliers, cherchant à limiter les surprises financières, se montrent réticents à investir dans la rénovation. "Les incertitudes économiques actuelles poussent les gens à privilégier l'épargne plutôt que de prendre des risques," conclut Thomasset.
En parallèle, la pénurie d'artisans s'efface peu à peu, compliquant le recrutement pour de nombreux professionnels. "Actuellement, il est relativement facile de trouver des artisans, contrairement à il y a deux ans où la recherche était fastidieuse," ajoute-t-il.
Pour les futurs acheteurs, ces dynamiques complexes nécessitent une préparation rigoureuse pour naviguer dans un marché incertain. Comprendre les exigences des banques et les réalités du terrain est désormais essentiel pour concrétiser un projet de rénovation en Drôme-Ardèche.







