Paris (France) – Un incroyable phénomène cosmique a été détecté par le satellite franco-chinois SVOM, qui a enregistré un puissant sursaut gamma datant de 13 milliards d'années. Ce signal rare, qui provient d'une étoile massive en effondrement, offre un aperçu précieux de l'histoire de l'univers.
« Il est extrêmement rare de découvrir un tel événement, et cette observation est particulièrement précise en termes de lumière et de mesures », a déclaré Bertrand Cordier, responsable scientifique du projet SVOM au CEA, à l'AFP.
Lancée en juin 2024, la mission SVOM (Space-based multi-band astronomical Variable Objects Monitor) vise à détecter et localiser ces phénomènes aux énergies colossales. Les sursauts gamma, qui surviennent après l'explosion d'étoiles massives ou la fusion d'étoiles compacts, libèrent une énergie équivalente à celle d'un milliard de milliards de soleils. Ces événements sont considérés comme les plus énergétiques de l'univers.
Analyser ces sursauts gamma aide à aborder des questions de « physique fondamentale », notamment en cherchant à comprendre les méthodes permettant de libérer tant d'énergie. Selon Cordier, « la matière est accélérée à des vitesses proches de celle de la lumière, des conditions que nous ne pouvons pas reproduire sur Terre ». De plus, ces événements lumineux agissent comme des « sondes » qui éclairent la matière qu'ils traversent avant d'atteindre la Terre, fournissant ainsi des informations cruciales sur les premiers âges de l'univers.
Le 14 mars dernier, les chercheurs de SVOM ont reçu une alerte indiquant qu'ils avaient détecté quelque chose d'important. Ils ont immédiatement coordonné d'autres télescopes pour observer la zone émettrice. Après un sursaut gamma d'une dizaines de secondes, la source a continué à émettre dans d'autres longueurs d'onde, permettant ainsi aux astronomes de la localiser précisément et d'étudier sa nature.
Les données révèlent que le signal a été émis alors que l'univers n'avait que 700 millions d'années. « Les photons ont parcouru 13 milliards d'années avant d'atteindre nos instruments », a expliqué Cordier.
Ces événements proviennent des premières générations d'étoiles, qui se sont formées après le Big Bang à partir d'un « matériau primitif » principalement constitué d'hélium et d'hydrogène. Ces étoiles ont généré les premiers éléments lourds, tels que le fer et le carbone, essentielles pour l'évolution des structures de l'univers.
Pour produire un sursaut comme celui-ci, l'étoile qui a implosé devait avoir une masse d'environ cent fois celle du Soleil. Cordier espère que SVOM pourra détecter « un ou deux événements de ce type chaque année ». Cependant, il souligne qu'une meilleure coordination des observations est essentielle, car il s'est écoulé 17 heures avant que le Very Large Telescope (VLT) du Chili ne puisse se reorienter pour observer le phénomène, un délai qui a entraîné une diminution de l'intensité du signal.
Cette mission représente donc une avancée majeure pour la communauté scientifique, cherchant à comprendre les mécanismes fondamentaux de l'univers. Les chercheurs espèrent que des observations plus rapides à l'avenir permettront d'obtenir des données encore plus riches.







