Le climat de conflit entre le Cambodge et la Thaïlande connaît une dangereuse escalade. Depuis lundi, le gouvernement cambodgien attribue à l'armée thaïlandaise des bombardements dans la province de Siem Reap, qui abrite les temples emblématiques d'Angkor. Le ministère cambodgien de la Défense a précisé que des avions de chasse F-16 auraient été utilisés pour lâcher des bombes à proximité d'un camp de civils déplacés, dans le district de Srei Snam.
Les autorités thaïlandaises ont reconnu que des affrontements se poursuivaient sur la ligne de démarcation, mais sans faire mention du bombardement allégué. Le district de Srei Snam se trouve à environ 70 kilomètres de la frontière contestée, et à moins d’une heure de route des célèbres Angkor Wat, attirant ainsi l’attention internationale sur la situation.
Le ministre de l'Information cambodgien, Pheaktra Neth, a dénoncé ce qui pourrait constituer une violation du droit international, indiquant que c'était la première fois que les forces thaïlandaises attaquaient aussi loin à l'intérieur des terres cambodgiennes. Une vidéo diffusée par son ministère montre des élèves d'une école fuyant dans la panique après les bombardements.
- L'impact sur le tourisme -
Les troubles récents ont également eu un impact direct sur le secteur du tourisme, crucial pour l'économie cambodgienne. Les chiffres de l’opérateur Angkor Enterprise indiquent une diminution de près de 20 % des ventes de billets pour Angkor Wat entre juin et novembre par rapport à l'année précédente. Chhay Sivlin, présidente de l'Association cambodgienne des agences de voyage, a commenté que de nombreux touristes annulent ou reportent leurs voyages, préférant visiter des destinations perçues comme plus sûres.
Le bilan des violences s'alourdit : le Cambodge déclare que 15 civils ont perdu la vie depuis le début des affrontements, alors que la Thaïlande fait état de 16 morts, dont 15 soldats et un civil touché par des éclats de tirs. Les deux nations s'accusent mutuellement d'être à l'origine de cette nouvelle vague de violence qui a entraîné l'évacuation de près de 800 000 personnes des deux côtés de la frontière.
Ce conflit n'est pas sans précédent, une première série de violences ayant coûté la vie à 43 personnes en juillet dernier. Après une trêve, un accord de cessez-le-feu avait été signé en octobre, facilité par des négociations impliquant Donald Trump. Toutefois, la Thaïlande a démenti un récent accord de cessez-le-feu après un coup de téléphone de l’ancien président américain, en dépit des engagements affichés par les deux parties.
Il est impératif que la communauté internationale surveille la situation de près, alors que les voix des experts s'élèvent pour appeler à un dialogue pacifique avant que la situation ne devienne irréversible. La prévention des conflits dans cette région historique est vitale, non seulement pour la sécurité des habitants mais aussi pour la préservation des richesses culturelles que recèle le Cambodge.







