Eutelsat, l'un des principaux opérateurs français de télécommunications par satellites, a récemment annoncé avoir finalisé une augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros. Cette initiative, réalisée dans le contexte de sa fusion avec OneWeb, vise surtout à consolider son assise financière, mais représente également un tournant stratégique pour l'entreprise face à une demande mondiale croissante en haute vitesse de connexion.
La rupture du dernier kilomètre dans l’accès au haut débit reste un défi majeur, surtout en Afrique où les infrastructures terrestres font souvent défaut. Dans ce contexte, les services satellites, notamment ceux en orbite terrestre basse (LEO), promettent de transformer le paysage numérique du continent. La nouvelle constellation européenne IRIS, prévue pour compter 290 satellites, fait partie des ambitions d'Eutelsat, garantissant ainsi la souveraineté numérique de l'Europe en réponse à des géants américains comme Starlink de SpaceX.
Pour Eutelsat, l'Afrique apparaît comme un véritable terrain de croissance. Les récents accords, tels que le partenariat avec Paratus pour l’Angola, montrent une volonté claire d'étendre les services LEO dans une région où le taux de couverture 4G n’atteignait que 71 % en 2024, bien en deçà de la moyenne mondiale de 92 % selon une étude du rapport numérique de l'UIT. Philippe Baudrier, responsable de la connectivité en Afrique chez Eutelsat OneWeb, indique que ces efforts visent à « apporter les avantages de la connectivité satellite à des régions mal desservies ».
Des initiatives similaires ont également été lancées en Afrique australe, où Eutelsat prévoit de fournir des solutions internet adaptées aux entreprises et aux communautés dans des zones reculées. En janvier 2025, un accord avec NigComsat, l’opérateur public nigérian, a renforcé leur engagement envers le pays. Les partenariats avec des fournisseurs de services locaux tels que K-QON visent à faciliter l’accès aux services de haut débit pour les populations vivant en zones isolées.
Cette complémentarité entre satellites géostationnaires (GEO) et LEO permet à Eutelsat de proposer des solutions modulables, adaptées aux besoins variés des pays africains, selon leur géographie et leur développement économique. « Les possibilités sont multiples, et construire une infrastructure terrestre prend du temps que beaucoup ne peuvent pas se permettre », souligne un expert en télécommunications.
Avec cette levée de fonds et son approche centrée sur l'Afrique, Eutelsat ne cherche pas seulement à s'établir sur un marché en pleine expansion, mais aussi à jouer un rôle crucial dans la réduction de la fracture numérique sur le continent, un enjeu primordial pour l'avenir économique et social de nombreux pays africains.







