Rokhaya Diallo, essayiste et militante reconnue pour son engagement antiraciste, a récemment exprimé son indignation suite à une caricature publiée dans Charlie Hebdo. Représentée en Josépine Baker ornée d'une ceinture de bananes, elle dénonce cette image comme un héritage d'une imagerie esclavagiste et colonialiste.
Dans un message partagé sur les réseaux sociaux, Diallo affirme : "Ce dessin hideux vise à me rappeler ma place dans la hiérarchie raciale et sexiste". Elle met en lumière le stéréotype de la femme noire réduit à un corps exotique, une critique qui trouve un écho parmi de nombreux soutiens, notamment dans les rangs de la gauche française. Olivier Faure, le leader des socialistes, a tweeté : "L’imagerie des expositions coloniales, celle des zoos humains, a la vie dure".
Les réactions fusent également du côté de La France Insoumise (LFI). Mathilde Panot, députée, a qualifié la caricature d'"immonde", tandis que sa collègue Sarah Legrain a fait un parallèle avec une polémique antérieure concernant une caricature de Christiane Taubira, évoquant un racisme similaire. Minute, une revue d'extrême droite, avait été critiquée pour des dessins comparables en 2013.
Face à ces accusations, le directeur de Charlie Hebdo, Riss, a réagi en affirmant que le dessin illustrait un article sur "les fossoyeurs de la laïcité". Il a défendu son choix en précisant que l'intention était de critiquer les positions de Diallo contre la loi de 1905, et d'accuser celle-ci de manipulations. "Y voir une référence raciste est une manipulation dont elle nous a malheureusement habitués", a-t-il déclaré.
Cette loi, adoptée en 1905 pour séparer l'Église et l'État, est un pilier de la laïcité française, garantissant la liberté de conscience et la neutralité de l'État vis-à-vis des religions. Elle reste essentielle dans le maintien de la cohésion sociale et du respect du pluralisme républicain, mais suscite également des débats importants comme le démontre cette affaire.
La controverse illustre les tensions persistantes en France sur la question du racisme et de la représentation dans les médias. Les propos de Diallo et la réaction de Charlie Hebdo soulignent le fossé entre l'engagement pour une laïcité universelle et la perception des minorités dans l'espace public.







