Il est tentant de regarder en arrière avec nostalgie en se remémorant 1966, une année emblématique de la société française, marquée par la mini-jupe, l'optimisme économique, et le plein emploi. Ce moment fort est exploré dans le livre d'Antoine Compagnon, « 1966, année mirifique », qui met en lumière une période de croissance et de changements sociaux profonds.
Comme l'indique Compagnon, cette période, souvent éclipsée par les événements de mai 68, représente néanmoins un tournant pour de nombreux domaines de la vie française. Selon des économistes, c'est en 1966 que les Français, après des années de conflits, commencent à goûter aux plaisirs de la consommation. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en trois ans, la population équipée de téléviseurs passe de moins d'un quart à la moitié des foyers.
Cette période de prospérité coïncide également avec des changements culturels et sociaux significatifs. L'émergence de la contraception orale, soutenue par Lucien Neuwirth, ouvre la voie à une nouvelle ère d'émancipation pour les femmes. Avec le nombre croissant d'étudiants prêts à prendre d'assaut le monde professionnel, le taux de chômage est quasi inexistant, selon des chercheurs de l'université de Paris.
La scène culturelle explose également avec des films iconiques tels que « Un homme et une femme » de Claude Lelouch, qui capturent l'esprit d'une génération devenant de plus en plus ouverte et libre. Les jeunes artistes, comme Serge Gainsbourg, commencent à défier les normes sociales grâce à des œuvres audacieuses qui font écho aux aspirations d'une société en mutation.
Selon plusieurs experts, comme le sociologue Pierre Bourdieu, cette époque est cruciale pour comprendre les dynamiques sociales modernes : "C'est à cette époque que les fondations d'une société plus égalitaire et progressiste ont commencé à s'établir, malgré les défis à venir." En ce sens, les boomers, souvent critiqués pour leurs choix de vie, ont en réalité investi dans un avenir marqué par des valeurs d'ouverture et de progrès.
Alors que cette génération prend sa retraite aujourd'hui, il est essentiel de ne pas oublier le contexte dans lequel elle a grandi. La France des années 50 n'était pas la France rayonnante et optimiste des Trente Glorieuses ; elle était plutôt marquée par l'austérité et un manque de choix, un fait que souligne Compagnon dans son ouvrage. Ainsi, plutôt que de nourrir un ressentiment à l'encontre des boomers, il est préférable de reconnaître les luttes qu'ils ont traversées pour réaliser les progrès dont nous bénéficions aujourd'hui.







