Le budget de la Sécurité sociale pour 2026 a été rejeté par le Sénat le 12 décembre, signalant un profond désaccord avec le compromis élaboré par l'Assemblée nationale. Les sénateurs ont utilisé une "question préalable" pour écarter immédiatement le texte, renforçant ainsi les tensions politiques avant un vote crucial qui se tiendra mardi prochain à l'Assemblée.
La rapporteuse générale de ce budget, Elisabeth Doineau, a qualifié le projet de "plfss" (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) d'échec et a souligné que ce texte ne semblait pas poser un cadre de compromis, mais plutôt refléter une vision politique axée sur une hausse des recettes fiscales, laissant de côté la question des dépenses. Elle a déclaré : "C'est moins un texte de compromis qu'un choix politique évident."
Cette décision du Sénat, majoritairement dominé par la droite et ses alliés centristes, est en partie motivée par une opposition à la suspension de la réforme des retraites, une concession considérée comme essentielle par le gouvernement pour attirer le soutien des socialistes. Bruno Retailleau, président des Républicains, a dénoncé ce budget comme un "hold-up fiscal", exacerbant encore davantage les clivages entre les deux chambres du Parlement.
La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a répondu à ces accusations en défendant un plan qui prévoit de réduire le déficit de la Sécurité sociale à 19,4 milliards d'euros en 2026, contre 23 milliards en 2025, en dépit des transferts financiers significatifs de l'État vers les caisses de la Sécurité sociale. Elle a souligné la nécessité d'un équilibre entre les recettes et les dépenses, tout en appelant à la responsabilité des parlementaires dans l'adoption d'un texte qui respecte l'intérêt public.
Lors d'une première lecture, le Sénat avait même envisagé de faire passer le déficit à 17,6 milliards d'euros, reflétant des priorités budgétaires opposées. Dans cet environnement tendu, le gouvernement attend avec impatience l'issue du vote décisif des députés, qui pourrait faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre, alors qu'il se prépare également à examiner le budget de l'État dans les jours à venir. Les opinions des spécialistes en économie, comme l’économiste Maxime Sbaihi, qui a qualifié le budget de "gérontocratique", ajoutent une couche d'interrogation sur l'avenir de la politique fiscale du pays.







