Depuis des siècles, la Bretagne se distingue par une identité forte et un désir d'autonomie. Ce sentiment renouvelé fait écho à celle des ducs de Bretagne, qui avaient déjà une conscience régionale marquée. Le désir d'indépendance n'est pas nouveau, affirmant son existence à travers différents mouvements historiques, notamment avec le Front de libération de la Bretagne, qui a marqué les esprits par des actions audacieuses, comme l'attaque du château de Versailles. Cela témoigne d'une lutte passionnée pour la reconnaissance des spécificités bretonnes, souvent méconnues.
Au XIXe siècle, alors que l'idée de nation se propageait dans toute l'Europe, de nombreux intellectuels bretons ont commencé à s'intéresser à l'histoire régionale. Adhérents à leur culture tout en restant attachés à la France, ces érudits ont posé les fondements d'une conscience nationale bretonne qui serait reprise par des générations de jeunes militants par la suite. Au XXe siècle, même si certains groupes ont pris des voies controversées, notamment en s'alliant avec des régimes peu recommandables, l'après-guerre a vu plusieurs mouvements disparaître, laissant place à un nationalisme plus invisible, mais toujours présent.
Sharif Gemie, chercheur à l'Université du Pays de Galles, évoque ce phénomène de « nationalisme invisible », soulignant que, malgré l'absence de partis nationalistes vigoureux, la conscience bretonne reste vive. De nombreux partis régionaux, qu'ils soient autonomistes ou fédéralistes, participent à nourrir cette identité tout en prônant une gestion locale renforcée. En avril 2022, le conseil régional a même voté pour une Bretagne autonome dans une République des territoires, un signe que l'idée se diffuse.
Alors que la Bretagne continue de se battre pour des spécificités reconnues sur la scène politique, l'avenir de cette région dépendra de la capacité de ses habitants à affirmer leur identité. L'engagement dans des questions sociales et politiques fondamentales pourrait bien redéfinir la place de la Bretagne au sein de la France et de l'Europe. Des mouvements tels que ceux du Pays basque et de la Catalogne montrent qu'une forte identification locale peut conduire à des aspirations politiques concrètes. La Bretagne saura-t-elle suivre cette voie ?







