Envoûtant et visuellement époustouflant, le dernier film de Fatih Akin, « Une enfance allemande », s’attaque à un pan méconnu de l’histoire allemande. Ce récit captivant, projeté pour la première fois au Festival de Cannes, offre un éclairage unique sur la chute du IIIe Reich et le contexte émotionnel des Allemands, à travers le regard d'un jeune garçon dont les parents soutiennent le régime nazi.
Loin des grandes métropoles, l’île sauvage et isolée d’Amrum, située au nord-ouest de l’Allemagne, sert de toile de fond à cette histoire. Ici, la vie des habitants, majoritairement pêcheurs et agriculteurs, se déroule dans une bulle presque apolitique. Beaucoup espèrent la fin de la guerre, alors que quelques nazis, incluant le protagoniste Nanning, 12 ans, sont en phase avec le régime. Ce dernier se retrouve entraîné aux Jeunesses hitlériennes, mais il se soucie principalement des besoins de sa famille, alors que son père combat au front.
Durant son parcours, Nanning cherche à procurer un peu de réconfort à sa mère, enceinte et accablée par les difficultés du quotidien. Remarqué pour sa quête d’un simple morceau de pain et de miel, il navigue à travers les paysages magnifiques de l’île, tout en ressentant le poids du conflit qui enveloppe son monde et l’afflux de réfugiés fuyant la Pologne, un mouvement dont la résonance est encore d’actualité aujourd'hui, selon certains experts.
Ce film s'inspire de l'enfance de Hark Bohm, un cinéaste et ami reconnu, qui a abandonné son projet d’adaptation en raison de sa maladie. Fatih Akin, avec son sens du récit, a su retranscrire cette histoire à travers des plans d’une beauté saisissante, promesse d’une véritable initiation dans un environnement marqué par les douleurs de la guerre, le dilemme moral et la culpabilité. Le temps du film, qui s’étend sur une heure et demie, parvient à explorer des thèmes complexes de manière captivante.
Diane Kruger, dans un rôle fort bien que succinct, réussit à incarner une agricultrice en détresse, exprimant sa désaffection pour le régime. Son interprétation, agrémentée de son apprentissage de la langue frisonne, lui permet de donner vie à ce personnage emblématique. Cependant, c’est Jasper Billerbeck, qui fait ses débuts au cinéma dans le rôle principal, qui attire particulièrement l’attention. Sa manipulation des émotions à travers son regard a été saluée par le critique de cinéma Philippe Lacôte, qui décrit sa performance comme « une révélation inoubliable ». Le film se positionne donc comme une œuvre à ne pas manquer, illuminant les recoins sombres de l’histoire allemande tout en offrant un regard nouveau et profondément touchant sur la relation humaine.







