Ford, le géant automobile américain, fait un pas en arrière sur son programme de véhicules tout-électrique, optant désormais pour un accent mis sur les motorisations hybrides et à essence. Cette décision, motivée par une demande des consommateurs en baisse, induit des provisions et coûts supplémentaires estimés à 19,5 milliards de dollars.
Dans un communiqué publié ce lundi, la société de Dearborn, dans le Michigan, a expliqué que ce revirement s’inscrit dans un marché en constante évolution, loin des prévisions optimistes des dernières années. Andrew Frick, président des divisions Ford Blue et Ford Model e, a déclaré : « Nous nous adaptons à la réalité du marché aujourd’hui, et non à celle imaginée il y a cinq ans ». Cette réalité est marquée par des défis, dont un réseau de recharge insuffisant et des prix de ventes plus élevés pour les véhicules électriques par rapport à leurs homologues à essence, comme le rapportent des experts de l’industrie.
Les ambitions initiales autour des véhicules électriques, qui avaient été relancées après la pandémie de Covid-19, sont désormais revues à la baisse, le constructeur prévoyant de centraliser ses efforts sur des modèles hybrides et de petite taille. Ce changement de cap est également amplifié par le retrait, sous l'administration Trump, d'un crédit d'impôt de 7.500 dollars pour l'achat de véhicules électriques (EV), limitant encore plus l'attrait du marché.
Ford a ainsi annoncé l’arrêt de la production de son célèbre F-150 Lightning tout-électrique, remplaçant ce modèle par une version avec prolongateur d’autonomie utilisant un moteur à essence. En outre, le projet d’un monospace électrique est également abandonné au profit de modèles hybrides.
Les conséquences financières de cette stratégie seront lourdes, avec des dépréciations d'actifs de 8,5 milliards de dollars, ainsi que 6 milliards liés à la dissolution d'un partenariat avec le groupe sud-coréen SK sur les batteries. Les pertes devraient être intégrées principalement dans les comptes du quatrième trimestre 2025, plongeant la société dans le rouge, tandis que le groupe mise sur la rentabilité de ses activités électriques, hybrides inclus, d'ici 2029.
Des annonces de changements réglementaires ont également été évoquées par Ford, en écho à des décisions récentes de l’administration Trump visant à assouplir les normes de consommation d’énergie. Le constructeur a réaffirmé son objectif d’atteindre 50 % de modèles hybrides et électriques d’ici 2030, bien loin de ses précédentes attentes de 40 % uniquement pour l’électrique.
Toutefois, des experts estiment que cette réorientation pourrait s’avérer bénéfique pour le groupe sur le long terme. « Ford vise un meilleur équilibre entre les investissements dans l’électrique et les modèles traditionnellement rentables, ce qui pourrait renforcer sa position sur le marché », précise un analyste de l'industrie automobile. Malgré les difficultés, la direction assure que cette transformation devrait s'accompagner d'un impact globalement positif sur l'emploi, avec une promesse d'embauche de 2.100 personnes une fois la transition des usines vers la production de batteries de stockage réalisée.
Dans un contexte de réorganisation, la dissolution de la société BlueOval SK avec SK est annoncée, avec une acquisition de Ford de l'usine de batteries au Kentucky. Cela ajoute une nouvelle dimension à la stratégie de Ford pour intensifier sa présence dans le secteur des batteries et au-delà du domaine automobile.
En réponse à ces mouvements, le titre de Ford a légèrement progressé de 1 % dans les transactions post-violation à Wall Street, ce qui pourrait refléter une certaine confiance des investisseurs dans la direction prise par l'entreprise.







