Des affrontements ont éclaté jeudi soir entre les forces de l'ordre et des agriculteurs mobilisés pour protéger un troupeau de 200 vaches en Ariège. Cette situation a été déclenchée par l'annonce d'un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans un élevage des Bordes-sur-Arize.
Depuis mercredi matin, les agriculteurs ont formé un blocus pour empêcher l'accès aux services vétérinaires chargés d’euthanasier 207 bovins, selon les journalistes de l'AFP présents sur place. Les gendarmes ont réagi avec des grenades lacrymogènes, provoquant une escalade de la violence lorsque les manifestants ont commencé à lancer des pierres.
Initialement pacifiques, plusieurs centaines d'agriculteurs, soutenus par des organisations telles que la Coordination rurale (CR) et la Confédération paysanne, ont été rejoints par des sympathisants, affirmant que l'abattage des vaches représenterait une catastrophe morale et économique.
Le préfet de l’Ariège a toutefois déclaré que les propriétaires du troupeau avaient consenti à l’abattage, une affirmation contestée par Pierre-Guillaume Mercadal de la CR, qui a signalé que les deux frères propriétaires avaient des opinions divergentes sur la question, exacerbant ainsi les tensions familiales.
"Il est impératif de respecter la volonté des éleveurs," a déclaré le préfet Hervé Brabant lors d’une conférence de presse, tout en appelant au calme parmi les manifestants. Il a précisé que l’abattage serait réalisé rapidement pour contenir la propagation de la DNC, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le cheptel français.
En effet, sur près de 33 000 bovins en Ariège, 3 000 avaient déjà été vaccinés le mois dernier. Malgré l'alerte croissante et les appels pour un protocole expérimental visant à ne tuer que les animaux contaminés, la réglementation actuelle persiste à imposer l’abattage complet des troupeaux concernés.
Dans un contexte similaire dans les Hautes-Pyrénées, un autre troupeau de vingt bovins devrait également être abattu, cette décision engendrant encore plus de résistance de la part des agriculteurs. Jean Salomon, le préfet de ce département, s’est dit préoccupé par ces rassemblements, craignant une aggravation de la situation sanitaire.
Bertrand Venteau, président de la CR, a exprimé sa détermination à maintenir la résistance et a souligné la nécessité d'une vaccination massive. "Nous demandons une unité du monde agricole face à cette crise," a-t-il affirmé.
Malgré le soutien du ministère de l'Agriculture pour la gestion de ce fléau, les différences d’approche entre syndicats agricoles concernant la vaccination préventive soulèvent des inquiétudes. La FNSEA, par exemple, s’oppose à cette extension de vaccination par crainte des répercussions sur les exportations et les prix du marché.
Alors que le débat sur les méthodes de lutte contre la DNC se poursuit, l’urgence de trouver un consensus est plus que jamais palpable, mettant en lumière les difficultés auxquelles le secteur agricole français est confronté dans cette période de crise sanitaire.
Des experts estiment que la communication proactive entre les éleveurs, les autorités sanitaires, et les syndicats agricoles serait cruciale pour prévenir d'autres tensions et garantir un avenir stable à l'élevage bovin en France. La nécessité d'une approche concertée est donc une priorité dans le contexte actuel.







