Le Royaume-Uni traverse une crise sanitaire majeure, marquée par une pénurie alarmante de dentistes, laissant près de 4,5 millions de citoyens sans accès à des soins dentaires. Cette situation critique a été mise en lumière par le témoignage poignant d’un député dont la mère, à 87 ans et en mauvaise santé, a dû s'arracher une dent elle-même, faute de moyens pour obtenir un rendez-vous. Les chiffres sont accablants : en 2024, près de 2 800 postes de dentistes restent vacants au sein du service public de santé (NHS) et plus de 400 dans le secteur privé.
La dégradation de la santé bucco-dentaire est significative. Selon une étude du Centre national de recherche sociale (NatCen), la proportion d'enfants de 5 ans présentant des caries avoisine les 20%, tandis que parmi les adultes, elle a explosé, passant de 28% en 2009 à 41% en 2023. Plus d’un adulte sur cinq affiche des problèmes dentaires urgents, exacerbant la situation des populations les plus défavorisées.
« Ces résultats sont extrêmement alarmants, » a déclaré le professeur de santé publique dentaire, George Tsakos. « Nous revenons aux niveaux de caries non traitées observés pour la dernière fois en 1998. De plus en plus d'adultes signalent que la mauvaise santé de leur bouche impacte leur qualité de vie et leur capacité à manger. »
Un système de santé à bout de souffle
Cette situation illustre un malaise plus vaste dans le système de santé britannique, où la pénurie de dentistes contribue à une dégradation des services de santé. Selon Ian Mills, professeur à l’université de Plymouth, 5,3 dentistes exercent pour 10 000 habitants au Royaume-Uni, contre 6,5 en France, 8,3 en Italie et 8,5 en Allemagne. Les jeunes praticiens passent moins de temps au NHS, alors que le gouvernement a annoncé des mesures pour les inciter à rester trois ans au sein du service public.
Vers une ouverture aux dentistes étrangers
Face à cette crise, des solutions commencent à émerger. L'Association des groupes dentaires britanniques plaide pour faciliter l'installation de dentistes internationalement qualifiés, qui représentent déjà 25% des praticiens au Royaume-Uni. Cependant, le système d'examen pour pratiquer est jugé complexe et difficile d'accès. En juin, près de 6 000 dentistes formés à l'étranger attendaient leur validation, certains se retrouvant dans des emplois peu qualifiés.
Une dentiste d’origine indienne, avec une décennie d’expérience, témoigne : « Je prépare des sandwiches dans un restaurant Subway depuis plus de neuf mois, alors que je pourrais exercer. » Ce désespoir souligne l'urgence d'une réforme pour remédier à cette situation insupportable. La santé bucco-dentaire, autrefois symbole de progrès, semble désormais subir un revers sans précédent.







