La grippe fait son retour en force en Europe avec l'émergence d'une nouvelle souche H3N2, plus virulente et précoce, qui met à mal les systèmes de santé du continent. À l'approche des fêtes de fin d'année, les alertes sanitaires se multiplient, menaçant d'aggraver une situation déjà critique au sein des établissements hospitaliers fragilisés.
Au Royaume-Uni, le NHS se retrouve à nouveau dans une situation délicate, faisant face à une « vague sans précédent de super grippe », d'après les autorités sanitaires. Les médecins résidents, équivalents des internes en France, envisagent de déclencher une grève de cinq jours juste avant Noël, exacerbant ainsi les tensions. Le ministre de la Santé, Wes Streeting, souligne l'« incroyable précarité du NHS », confronté à un défi d'une ampleur inédite depuis le pic de la pandémie, et appelle les médecins à « accepter l’offre du gouvernement » pour éviter une paralysie des urgences en pleine montée des cas.
Une crise d'ampleur alarmante
Les dernières statistiques publiées sont inquiétantes : une augmentation de 55 % des cas en une semaine, ce qui se traduit par environ 2 660 hospitalisations quotidiennes. Meghana Pandit, directrice médicale nationale du NHS, déclare que « cette vague sauvage de grippe met le NHS dans la pire des situations possibles pour cette période de l'année ». Les difficultés sont accentuées par un conflit salarial, alors que les médecins réclament une augmentation de 26 % pour compenser la perte de pouvoir d'achat, tandis que le gouvernement demeure inflexible sur les salaires.
Cette situation alarmante ne se limite pas au Royaume-Uni. En France, Santé publique France rapporte une « augmentation continue des indicateurs grippe » touchant toutes les classes d'âge. Toutes les régions, à l'exception de la Corse, se trouvent désormais en phase épidémique. On se retrouve dans une dynamique similaire à celle de l’an dernier, où plus de 17 000 décès avaient été liés à la grippe. Parallèlement, la bronchiolite entraîne aussi des tensions hospitalières, particulièrement en Île-de-France, où une quinzaine d'enfants ont déjà dû être transférés vers d'autres régions par manque de lits disponibles.
Des mutations inquiétantes
Au niveau continental, la situation suscite des préoccupations croissantes. Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), la saison grippale a démarré trois à quatre semaines plus tôt que les années précédentes, avec la propagation d'une nouvelle souche H3N2 – le sous-clade K – qui a également été identifiée au Royaume-Uni. Cette souche présente des mutations inédites qui favorisent sa circulation, exacerbant ainsi la crise grippe en cours en Europe. Ces changements génétiques pourraient réduire l'efficacité du vaccin saisonnier, élaboré à partir d'une souche plus ancienne, comme l'a rapporté l'agence de santé européenne.
En Espagne, la situation est tout aussi préoccupante. Les autorités parlent d'une épidémie « précoce et explosive », avec des consultations pour symptômes grippaux qui ont presque doublé en l'espace d'une semaine. Les services d'urgence enregistrent des taux d'infection dépassant 1 600 cas pour 100 000 habitants, et les infections respiratoires aiguës touchent particulièrement les jeunes enfants, comme l'a souligné le quotidien El País dans ses dernières analyses.
(avec des informations d'AFP et El País)







