Dans le reflet étincelant de Dubaï, des milliers de Français, en particulier des Sénégalais, luttent pour survivre, souvent loin des fantasmes de luxe que la métropole arabo-musulmane véhicule. Alors que la ville brille de mille feux, ces expatriés se débattent avec des visas prohibitifs, un logement insalubre et la menace quasi constante d'un rapatriement forcé.
À l'approche de la saison des salons aériens, Dubaï se pavane, exhibant sa richesse avec une arrogance déconcertante. Le Dubai Airshow résonne des moteurs flambant neufs de derniers-nés de l'aviation, pendant que compagnies aériennes et grands patrons se défilent tel un spectacle de puissance.
Dans cette ambiance oppressante, il est facile d'oublier le vibrant pouls de communautés migrantes qui, invisibles sous les lumières scintillantes, se battent pour s’établir dans un terreau qui semble hostile. Dans le cœur de la vieille ville, le marché de Naif se frotte à la dure réalité des millions de travailleurs étrangers qui se mêlent aux couleurs chaudes et aux odeurs d'épices.
Une vie sous tension
Djiby Mbaye Seck, un migrant installé depuis septembre 2022, témoigne de l’arbitraire d’une existence marquée par des combats incessants. "Il faut un visa, explique-t-il. Et quand il arrive à expiration, payer jusqu'à 600 euros pour le renouveler est un défi." Loin de cette complexité bureaucratique, se dresse un autre obstacle : le coût exorbitant des loyers qui, pour un espace exigu, se chiffre entre 1 200 et 1 500 euros. Les règles de vie s'imposent alors de manière impérieuse, où le collectif devient une stratégie incontournable pour partager les frais.
Mor Talla, un professionnel de la logistique, mentionne l'ascenseur social en panne. "Pour une simple licence, il m'a fallu débourser 9 000 euros. C'est hallucinant de devoir payer aussi cher juste pour un droit d'exister ici, dit-il, avant d'ajouter avec amertume : une chambre, c’est entre 800 000 et 1 million de francs CFA, et pour un appartement, deux millions. Parfois, nous vivons à six ou sept dans une seule pièce, la seule issue pour beaucoup d'entre nous." Pour certains, cette crise du logement est amplifiée par un cadre légal rigide qui punit le moindre écart, faisant peser une pression immense sur ces déjà fragiles existences.
Un refuge communautaire
Heureusement, il existe des espaces de répit comme Keur Serigne Touba, où la communauté sénégalaise se retrouve chaque dimanche pour prier et se soutenir. Ce havre, bien que temporaire, leur permet de renouer avec leur culture et leur identité, loin des soucis quotidiens de la survie.
Dans cette ville, le débat sur le traitement des travailleurs migrants est incessant. Selon des experts et des ONG, cette situation pourrait être améliorée; notamment, les dirigeants senegalais et d'organisations internationales doivent s'unir pour plaidoyer en faveur d'une régularisation des migrants sans papiers.
"Être sans papiers ici, c’est risquer la prison ou le rapatriement définitif, déclare Mouhamed Dème, un travailleur sénégalais au Gold Souk. La plupart de nous sommes ici dans l'ombre, mais nous avons des histoires à raconter et des combats à mener." À Dubaï, la distance entre le rêve et la réalité est creusée par une vigilance constante : chaque faux pas peut engendrer de lourdes conséquences, et dans un monde où la lumière éblouit, ces vies calligraphiées dans l'ombre appellent à être entendues.







