Ce vendredi 19 décembre 2025, la cour d'appel de Paris examine une affaire qui a secoué le monde du cinéma français. Adèle Haenel, actrice acclamée, fait face à Christophe Ruggia, réalisateur condamné en première instance pour agressions sexuelles lorsqu'elle était mineure. Ce procès s'inscrit dans le cadre plus large du mouvement #MeToo, qui a profondément changé la perception des abus dans le secteur.
Points clés à retenir
- En première instance, Ruggia a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis. Il conteste toujours les accusations portées contre lui par Haenel.
- Les actes répréhensibles auraient eu lieu entre 2001 et 2004, période où Haenel était âgée de 12 à 14 ans. L'actrice décrit des caresses insistantes lors de rencontres régulières, créant ainsi un climat d'emprise.
- Ce procès, emblématique du mouvement #MeToo, a conduit Haenel à prendre ses distances avec l'industrie cinématographique en 2020, dénonçant un système complice des agresseurs.
La lumière a été projetée sur cette affaire en 2019, lorsque Adèle Haenel a courageusement révélé les abus dans une enquête publiée par Mediapart. À travers son témoignage, elle évoque des caresses non consenties qui se produisaient lors de rendez-vous chez Ruggia. "Mon corps se crispe, je me recroqueville dans un coin du canapé", a-t-elle déclaré lors du procès de première instance.
Du côté de Ruggia, les réactions ont été tout aussi vives. Réfutant les accusations, il a qualifié le récit d'Haenel de "pur mensonge", arguant qu'il n'a jamais eu l'intention d'exploiter sa position. Dans une tentative de justifier ses actions, il a affirmé que la pression exercée sur lui était le résultat d'un mouvement #MeToo lancé en France, dont il se dit victime.
Les juges, pour leur part, ont reconnu que Ruggia avait profité de son ascendance sur la jeune actrice, ordonnant une indemnisation de 15 000 euros pour préjudice moral et 20 000 euros pour ses frais psychologiques. Selon une analyse de France Culture, cette décision souligne les défaillances des structures établies, qui ne protègent pas suffisamment les jeunes artistes.
Adèle Haenel, après avoir remporté le César pour son rôle dans Portrait de la jeune fille en feu, s'est retirée du cinéma pour se consacrer à des engagements théâtraux et militants. Dans une lettre publiée par Télérama, elle a exprimé son indignation face à la complaisance du milieu cinématographique, qui, selon elle, collabore trop souvent avec des agresseurs. "Je ne peux pas rester dans un système qui protège les prédateurs", a-t-elle écrit.
Alors que les audiences se poursuivent, la société française tout entière se demande comment faire évoluer le paysage de l'industrie, à la lumière de ces témoignages poignants. Le tribunal devra non seulement préserver la justice pour Haenel, mais aussi adresser les injustices systémiques qui ont longtemps été ignorées.







