Les Chiliens se sont exprimés ce dimanche lors d'un scrutin historique, où l'extrême droite, portée par José Antonio Kast, se positionne comme un acteur clé pour la première fois en 35 ans. Kast, un avocat de 59 ans soutenu par des sondages favorables, fait face à Jeannette Jara, une figure modérée de la gauche associée à une vaste coalition.
Les bureaux de vote, fermés à 18H00 locales, ont donné lieu à un dépouillement enseignant sur l’engagement d’un pays en quête de stabilité. Près de 16 millions d’électeurs étaient appelés à faire leur choix. Pendant que Kast, applaudi par ses partisans à Paine, promet l’unité dans un Chili profondément polarisé, Jara évoque un avenir exempt de haine et de peur.
Kast, ex-député et catholique convaincu, a mis en avant la sécurité et la lutte contre la criminalité, tout en promettant d'expulser près de 340 000 migrants en situation irrégulière, principalement d'origine vénézuélienne. De son côté, Jara, 51 ans et ancienne ministre du Travail, plaide pour une augmentation du salaire minimum et la préservation des retraites.
Ce dernier tour de scrutin fait suite à un premier tour en mi-novembre où chaque candidat avait capté environ un quart des suffrages. Cependant, en additionnant les votes de droite, cela représente 70% des voix. Des préoccupations majeures émergent autour de la criminalité et de l’immigration, le Chili ayant inexplicablement vu une montée des sentiments d’insécurité malgré sa réputation comme l’un des pays les plus sûrs d’Amérique latine.
Des avis contrastés se font entendre. Alors qu'Arturo Huichaqueo, un chauffeur de taxi, a voté Jara pour « ne pas perdre en matière sociale », d'autres, comme Ursula Villalobos, privilégient la sécurité et un emploi stable. Le climat anxiogène régnant a sans doute influencé cette tendance vers le vote d'extrême droite.
Les déclarations de José Antonio Kast, qui a exprimé des soutiens à la dictature de Pinochet, soulèvent des inquiétudes. Claude Heiss, politologue, note un retour au conservatisme, conséquence directe des troubles sociaux de 2019 et des difficultés économiques aggravées par la pandémie.
Cécilia Mora, une retraitée, voit en Kast « un Pinochet sans uniforme », une comparaison qui résonne chez de nombreux Chiliens qui ont vécu l'horreur de la dictature. Les experts s'interrogent sur cette dichotomie entre perception et réalité dans un contexte socio-économique difficile, mais globalement stable.
Les choix des électeurs reflètent un pays en quête d'identité, confronté à des défis sécuritaires et des attentes populaires pour un changement sincère dans la gouvernance. Comme l’a exprimé l'ancienne présidente Michelle Bachelet, il est crucial de préserver les droits et libertés, alors que le pays fait face à un tournant décisif de son histoire.







