Un essai récemment publié dans le Journal of Medical Ethics du British Medical Journal provoque une onde de choc au Royaume-Uni et au-delà. Une vingtaine de chercheurs avancent que les lois interdisant les mutilations génitales féminines (MGF) pourraient s'avérer contre-productives et stigmatisantes pour les communautés migrantes.
Ces chercheurs soutiennent que la législation censée protéger les jeunes filles ne fait que marginaliser ces communautés, exacerbe les « pratiques d’exclusion » et contribue à leur « stigmatisation sociale ». Ils affirment que, loin de protéger, ces lois sont des instruments d'exclusion qui creusent le fossé entre ces groupes et le reste de la société. « Si ces lois visent à protéger, elles peuvent aussi devenir un outil d’exclusion », insistent-ils.
Il est intéressant de noter que bien que certains d'entre eux soient fermement opposés à toute forme de « coupure génitale », d'autres soutiennent que « il revient aux parents de décider ce qui est le mieux pour leurs enfants ». De plus, ils recommandent de remplacer le terme de « mutilation génitale féminine » par « pratiques génitales féminines », qui, selon eux, serait plus représentatif de la « complexité culturelle » entourant cette question.
Un « acte abject »
La publication de cet essai a entraîné une réaction immédiate et virulente. Claire Coutinho, secrétaire d’État aux Femmes et Égaux, a décrit le contenu de l'article comme « au-delà de l’entendement ». « C’est un acte abject et nous devrions l’appeler pour ce qu’il est : une mutilation. Il est inimaginable que des membres de la profession médicale cherchent à en atténuer la réalité au nom de la diversité », a-t-elle affirmé.
Face à cette controverse grandissante, le British Medical Journal a tenu à clarifier sa position. Dans un communiqué, il a souligné que le Journal of Medical Ethics a pour vocation de publier des « points de vue éthiques, parfois controversés », sans que cela implique un soutien inconditionnel à leurs arguments. « Il est essentiel d’examiner des arguments avec lesquels nous pouvons être en désaccord, surtout en matière d’éthique médicale », ont précisé les éditeurs, rappelant leur engagement historique contre les mutilations génitales féminines, considérées par l'ONU comme une violation des droits humains.
La question des mutilations génitales féminines reste en effet un sujet sensible et complexe, touchant à des enjeux culturels, éthiques et sociaux. Alors que le débat continue de susciter l'intérêt, les voix s'élèvent pour réclamer une approche plus nuancée et respectueuse des cultures, tout en réaffirmant l'importance de la protection des droits des femmes et des filles en général.







