Pendant plus de cinquante ans, le régime d'Assad a perpétré des crimes d'une ampleur inimaginable, laissant des cicatrices profondes dans le pays. Un an après la chute de Bachar al-Assad, le président Ahmed al-Charaa a lancé un ambitieux projet de justice transitionnelle pour faire face à ces atrocités. Ce processus, cependant, s'avère complexe et délicat.
Une commission nationale dédiée à la justice transitionnelle a été mise sur pied afin de “découvrir la vérité sur les violations graves commises par le régime précédent”. Cette initiative a pour but de juger les responsables, de réparer les injustices subies par les victimes et d'instaurer des principes visant à éviter la répétition de ces crimes, tout en favorisant la réconciliation nationale.
De plus, une seconde commission a été établie pour s'occuper des personnes disparues. Depuis les années 70, entre 120 000 et 300 000 Syriens ont disparu, touchant presque toutes les familles du pays. Avec la révélation de fosses communes et l’ouverture des prisons, ces familles espèrent obtenir des réponses sur le sort de leurs proches.
Néanmoins, la justice transitionnelle en Syrie est un long chemin. Le pays est confronté à des risques d'Acts de vengeance individuelle et de représailles. Étonnamment, depuis le début de l'année, plusieurs massacres ont été réalisés contre des minorités druze et alaouite, soulignant l'urgence d'un processus apaisant.
Comme l'explique Aghiad Ghanem, expert en relations internationales, les crimes des milices pro-gouvernementales nécessitent d'être jugés avec la même rigueur que ceux de l'ancien régime. Le défi demeure : pourquoi la justice tarde-t-elle à se manifester ?
Les événements historiques montrent que les périodes de transition peuvent être longues. L'absence d'une véritable priorité donnée à la justice par le gouvernement actuel alimente une situation chaotique qui pourrait déboucher sur des violences supplémentaires. Bien qu'une attention ait été portée récemment aux procès de certains massacres, le pays est encore aux prises avec les crimes présents, ce qui rend difficile toute avancée sur ceux du passé.
Les experts soulignent également des entraves majeures, telles que l'absence de cadres du régime ayant réussi à fuir rapidement, et la persistance de factions armées faisant régner la terreur. La situation reste donc figée en attendant la mise en œuvre de lois établissant clairement le cadre de la justice transitionnelle.
Quant à la possibilité d'une extradition de Bachar al-Assad, les doutes demeurent. Il semble peu probable qu'une telle démarche soit envisageable à court terme, surtout dans le contexte d’un éventuel accord avec la Russie, dont les bases militaires en Syrie sont toujours présentes.
La question de savoir si Assad sera un jour jugé reste en suspens. Le sentiment de justice est palpable parmi les Syriens, qui aspirent à voir les figures de l'ancien régime devant les tribunaux. Cependant, le procès manque de portée pour véritablement susciter un changement significatif.
Alors que certains craignent que la guerre ne soit pas totalement terminée, d'autres estiment que des signes encourageants émergent dans la société syrienne, soutenant l'idée d'un avenir au-delà d'Assad. La clarté sur l'issue des crimes et la volonté collective de tourner la page sont essentielles pour établir un cadre de paix durable.







