Dans un coin tranquille du quartier Fass-Colobane à Dakar, des enfants s'agenouillent en riant autour de mère Anta
, la fondatrice de l'association humanitaire l'Empire des enfants. Leur joie et leur émerveillement sont palpables. Anta Mbow, une femme au grand cœur, fait preuve d'une belle énergie, invitant les enfants à danser même sous le soleil brûlant de novembre. J’en profite pour me dégourdir la hanche
, murmure-t-elle avec un sourire.
Originaire de France, où elle a vécu une trentaine d'années, Anta ne pouvait accepter l'indifférence face à la misère de ces jeunes. Chaque fois que je venais à Dakar, voir des enfants mendier me déchirait le cœur
, se souvient-elle. C'est avec l'aide de son frère et d'une amie qu'elle a pris la décision courageuse de retourner à Dakar pour fonder un maintien d'urgence en 2003, circulant entre les murs d'un ancien cinéma, L’Empire
.
Un centre en pleine expansion
En 2016, un financement par l'Union Européenne a permis à l'établissement de déménager et de se développer. L'association a également hérité d'un hôtel, la Métisse de l’Empire, qui génère des revenus à travers des activités d'économie sociale et solidaire. Tant que des enfants seront dans les rues, nous serons là pour les aider
, assure Anta. Actuellement, le centre peut accueillir jusqu'à soixante enfants, parmi lesquels nombreux sont des talibés
, parfois victimes d'exploitation. Chacun a une histoire à raconter
, souligne Lionel Senghor, un des éducateurs du centre.
Le personnel dédié, comprenant animateurs, infirmières et cuisiniers, s'efforce non seulement d'assurer la sécurité des enfants, mais aussi de les guérir tant sur le plan physique que psychologique. Il arrive que certains d'entre eux restent avec l'aval de leur famille
, déclare Lionel. Il y a trois mois, l'établissement comptait 35 pensionnaires, et aujourd'hui, ce nombre s'élève à 21.
Lors de ma visite, les plus jeunes débutent la journée par un cours de danse, où leur équilibre sur une jambe témoigne de leur détermination. Plus tard, des employés de Transavia, partenaire de l'association, animent un atelier qui, espère Lionel, éveillera de nouvelles vocations.
Boubakar, un jeune homme de 14 ans, fait déjà office de traducteur, passant du français au wolof pour ses camarades. Originaire de Guinée-Bissau, il a été amené au centre par un policier. Ses progrès sont fulgurants
, observe l’éducateur en charge des ateliers.
Les objectifs de l'Empire des enfants ne s'arrêtent pas là. Ils accompagnent également les jeunes dans la construction d'un projet de vie réussi. Comme Umaro, 21 ans, arrivé au centre à l'âge de 6 ans, qui déclare avec fierté : Ici, j’ai pris goût à apprendre. Je prépare aujourd'hui un brevet technique de génie civil.
Ce témoignage illustre parfaitement l'impact considérable que l'association l'Empire des enfants a sur la vie de ces jeunes, mettant en lumière une problématique sociale cruciale au Sénégal.







