Nanterre (AFP) – Au tribunal de Nanterre, une affaire troublante a capté l'attention, alors qu'une nourrice, âgée de 42 ans et originaire d'Algérie, est jugée pour avoir supposément intoxiqué les parents d'une famille juive qu'elle gardait. Le parquet a requis trois ans de prison, en considérant l'antisémitisme comme une circonstance aggravante.
La nourrice a reconnu avoir versé des produits nettoyants dans des bouteilles d'alcool, déclarant qu'elle souhaitait nuire uniquement aux parents des enfants de 2, 5 et 7 ans qu'elle gardait dans la commune de Levallois-Perret, en raison d'un conflit lié à sa rémunération.
Devant le tribunal, elle a indiqué : "L'inspecteur m'a mis la pression au point que j'ai inventé une histoire." Une déclaration qui a étonné le président, qui a fait remarquer la précision de ses aveux, notamment concernant l'utilisation de produits spécifiques. En plus de l'alcool, des denrées alimentaires, comme des pâtes, ont également été affectées par ces produits, ce qui a soulevé d'importantes inquiétudes de la part des enquêteurs.
Le procès a mis en lumière un antisémitisme latent, qui a marqué le discours de la prévenue, notamment lorsqu’elle a évoqué sa réticence à travailler pour une "Juive" en insinuant des préjugés économiques et sociaux. Bien qu'elle ait reconnu cette phrase comme inacceptable, elle a affirmé ne pas être raciste ou antisémite.
Les parents, intoxiqués, ont avoué que leur première pensée n'était pas liée à leur identité religieuse, mais à des problèmes de paiement, comme l'a noté le président du tribunal lors de l'audience.
Un acte sous tension sociale
L'avocate de la nourrice, Me Solange Marle, a expliqué que l'acte provenait davantage d'une souffrance sociale que de véritables sentiments de haine. À l'opposé, Me Sacha Ghozlan, représentant les parents, a souligné la spécificité de cette forme d'antisémitisme, la qualifiant d'intime et dangereuse, puisqu'elle touche directement la sphère familiale.
Plusieurs organisations, comme l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), se sont constituées parties civiles, témoignant ainsi du sérieux de l'affaire. Selon Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, il est essentiel d'établir une distinction claire entre les actes de haine et les conflits d'ordre personnel.
La mère des enfants a relaté une situation alarmante, où sa fille de neuf ans se sent obligée de cacher sa religion en public, soulignant à quel point la confiance envers autrui peut être ébranlée. "Cette histoire est terrifiante. Accueillir quelqu'un dans son intimité devrait être un acte de confiance, et pourtant, tout devient une menace", a-t-elle déploré.
En parallèle de ces accusations, la prévenue fait également face à des poursuites pour l'utilisation d'un document administratif falsifié, à savoir une carte d'identité belge contrefaite. La décision finale sera rendue le 18 décembre, marquant une étape cruciale dans cette affaire qui soulève des questions profondes sur la société française d’aujourd’hui.







