Un tournant dans la politique parisienne : pour la première fois, les socialistes, écologistes et communistes s'allient pour les municipales de mars 2026 sous la conduite du socialiste Emmanuel Grégoire. Cette décision, fruit de négociations intenses, est saluée comme un moment historique dans le paysage politique de la capitale.
Emmanuel Grégoire, ancien premier adjoint d'Anne Hidalgo, se dit honoré et conscient des responsabilités qui l'accompagnent. En effet, alors que la gauche manage la ville depuis 2001, cette coalition au premier tour des élections municipales est une première.
L'accord a reçu un large soutien : 85% des membres du conseil fédéral des socialistes et 70% des écologistes parisiens ont approuvé cette initiative. Le chef des écologistes, David Belliard, déclare sur les réseaux sociaux qu'il s'agit d'un “vote de responsabilité” face à une droite qu'il juge "trumpiste et climatosceptique", incarnée par la candidate des Républicains, Rachida Dati.
Les termes de l'accord stipulent un engagement commun pour arriver à une unique liste de gauche au second tour, tout en écartant toute alliance avec le candidat Horizons, soutenu par Renaissance, Pierre-Yves Bournazel. Bien que les Insoumis, dirigés par Sophia Chikirou, ne soient pas intégrés dans cette coalition, Grégoire reste ouvert à d'éventuelles discussions.
Cette coalition, attendue depuis octobre, est le résultat de plus de trois mois de tractations délicates. La création d'une liste d'union pourrait générer un “effet vote utile”, selon des sources au sein des partis de gauche. Cependant, cette stratégie soulève des tensions internes, notamment au sein du PS, où certains membres devront renoncer à leur place sur les listes.
Les négociations ont particulièrement été marquées par des discussions sur la position des écologistes au Conseil de Paris, en tenant compte des modifications possibles du mode de scrutin. L'accord prévoit que 36 candidats écologistes soient éligibles, contre 28 élus actuellement. De plus, David Belliard sera tête de liste dans le XIe arrondissement, une position stratégique et symbolique.
Les priorités communes de cette alliance incluent la revalorisation des services périscolaires, l'instauration d'un service de garde d'enfants universel, ainsi qu'un objectif ambitieux de 40% de logements publics, parmi lesquels 30% de logements sociaux. La question de la gratuité des bus, proposée par Belliard, ainsi que l’avenir du Parc des Princes sont également des points en discussion.
Selon Anne-France Taiclet, enseignante à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ce partenariat est davantage arbitré en faveur des écologistes qu'il ne l'aurait été dans un cadre de second tour. Les écologistes, actuellement sous pression dans d'autres villes, voient là une opportunité à saisir alors que le PS cherche à renforcer sa position face à La France Insoumise dans les quartiers jeunes et diplômés.
À l'heure où de nombreuses grandes villes en France adoptent le modèle de l'alliance rose-verte au premier tour, l'issue des municipales à Paris s'annonce plus incertaine que jamais. Un récent sondage Ipsos, pour Le Parisien, révèle que la gauche unie, sans LFI, pourrait recueillir 32% des suffrages, devançant la droite de Dati à 27%.







