Treize ans après l’assassinat retentissant de l’avocat Antoine Sollacaro en plein Ajaccio, la cour d’assises des Bouches-du-Rhône a prononcé jeudi une peine de 30 ans de réclusion criminelle contre le tireur, André Bacchiolelli.
Ce jugement fait suite à un procès exceptionnel, qui a débuté le 3 novembre et s'est déroulé à huis clos. Le commanditaire présumé du crime, Jacques Santoni, n’a pas pu être jugé pour des raisons de santé.
Après plus de neuf heures de délibérations, André Bacchiolelli a été reconnu coupable d’avoir abattu Sollacaro avec cinq balles en pleine tête, alors que celui-ci venait tout juste d’acheter son journal, comme il en avait l'habitude. Son avocat a dès lors annoncé son intention de faire appel.
« Ce que je retiens, c'est la déclaration de culpabilité », a déclaré Me Philippe Soussi, avocat de la famille Sollacaro à la sortie de l’audience. Pour lui, il s’agit d’un moment de justice important, précisant que la famille attendait ce procès depuis trop longtemps.
À noter que l’assassinat de l’ancien bâtonnier, connu pour sa défense de personnalités comme Yvan Colonna et Alain Orsoni, avait ébranlé l’opinion publique. Christiane Taubira, alors ministre de la Justice, l'avait décrit comme une "onde de choc" pour le pays.
- Rivalité entre clans -
Le crime, qualifié par certains d’acte de rivalité entre le clan Orsoni et la bande du "Petit Bar", a vu son commanditaire, Jacques Santoni, disjoint du procès. En effet, Santoni, tétraplégique suite à un accident, est en fuite et n'a pas pu être présent lors des dernières audiences.
Les enquêteurs le considèrent comme un "proche lieutenant" de l'organisation criminelle en question. Par ailleurs, Mickaël Ettori, également retranché, a été condamné à 15 ans de prison en son absence.
Le procès a été alimenté par les témoignages du repenti Patrick Giovanonni, qui a révélé que Santoni aurait déclaré après l’assassinat : "c’est nous qui avons tapé". Giovanonni lui-même a été condamné à cinq ans de prison avec sursis pour son implication dans d’autres affaires criminelles.
La défense d’André Bacchiolelli a déclaré que le verdict pouvait être considéré comme un simple premier acte dans une bataille judiciaire qui pourrait s'étendre sur plusieurs années. "Il s'agit d'un verdict qui ne rend pas la justice", a commenté Me Bruno Rebstock, avocat de Bacchiolelli.
Ce procès est un chapitre marquant dans l’histoire judiciaire française récente, illustrant les luttes de pouvoir au sein du milieu corse et les répercussions de la violence organisée sur les vies innocentes.
Pour les proches de Sollacaro et pour beaucoup en France, cette décision offre enfin un semblant de justice après des années d'attente et d’incertitude.
