Ce samedi, la cathédrale Notre-Dame de Paris vibrera au rythme d'une célébration mémorable : la béatification de cinquante martyrs chrétiens, victimes du régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale. La majorité de ces personnes, qui appartenaient à la Mission Saint-Paul, ont perdu la vie dans des camps de concentration où elles ont été enfermées en raison de leur foi et de leur engagement.
Le pape Léon XIV a validé leur martyr en juin dernier, ouvrant ainsi la voie à cette cérémonie solennelle. Parmi ces martyrs figure Henri Marrannes, un jeune catholique dont l'histoire résonne aujourd'hui avec une intensité particulière. À peine âgé de 22 ans, Henri a été arrêté pour avoir tenté d'apporter un soutien spirituel aux travailleurs français réquisitionnés en Allemagne, un acte de courage qui lui a coûté la vie dans un camp de concentration. "Son engagement a toujours été une source d'inspiration pour notre famille," déclare Joceline Marrannes, sa nièce.
En 1942, Henri, membre dévoué de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, part sur les fronts du devoir avec pour mission de remonter le moral des ouvriers français en situation précaire. Il a notamment orchestré des messes clandestines et documenté les atrocités commises par le régime nazi, une action illégale inenvisageable à l'époque. Comme l'affirme Michel Marrannes, "Il est parti en prenant la place d'un père de famille, un véritable héros".
Une béatification saluée par l'Église et les fidèles
Après avoir été arrêté en avril 1944, il a été déporté avant de décéder un an plus tard. Ce rendez-vous historique va consacrer la mémoire d'Henri, tout en rendant hommage à cinquante autres victimes de cette époque sombre. Un moment que certains fidèles de la cathédrale perçoivent comme une reconnaissance tardive, mais nécessaire. "C'est essentiel de les honorer aujourd'hui, leur sacrifice doit être reconnu," souligne une visiteuse.
Monseigneur Maurice de Germiny, en charge du dossier de béatification, a engagé un travail de recherche intensif pendant huit ans pour documenter l'engagement de ces hommes et femmes. "Ils n'étaient pas seulement des résistants, mais des témoins de la foi dans un monde dominé par le mal. Leur élimination était une manière d'étouffer tout message d'espoir," explique-t-il.
À travers cette cérémonie, l'Église démontre que la foi peut aussi être un acte de résistance, et donne voix aux sans-voix de l'histoire, créant ainsi un véritable pont entre le passé et le présent. Comme le précise Le Figaro, cette béatification souligne l'importance de la mémoire collective face à l'oubli des atrocités du passé.







