Ce phénomène, connu sous le nom de "lits froids", désigne les logements sous-utilisés en montagne, qui souffrent de déperditions énergétiques. Une étude récente de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) révèle que 64% des logements en stations de montagne sont dans les classes énergétiques les plus basses. Ces logements, souvent érigés dans les années 1960 à 1980, souffrent d'une isolation médiocre due aux techniques de construction de l'époque.
Les données de l'Agence de la transition écologique indiquent que dans certaines stations alpines, ce pourcentage grimpe à 75%. Parmi ces logements, 28% affichent une note F ou G, soit un taux deux fois plus élevé que la moyenne nationale. À partir de 2025, les logements notés G seront interdits à la location de longue durée, suivis des F en 2028, ce qui pourrait inciter les propriétaires à envisager des rénovations.
Une bulle immobilière en montagne
Malgré ces contraintes, la Fnaim note que la majorité des résidences secondaires échappent aux dispositifs d'aide à la rénovation comme Ma Prime Rénov'. De nombreux propriétaires préfèrent ainsi conserver leurs biens sans investir, convaincus que les prix ne feront que monter. Entre juillet 2020 et avril 2023, les prix des logements en montagne ont augmenté de 27%, et depuis début 2025, ils ont grimpé de 3,5%.
"Les prix dans certaines stations de haute altitude continuent de croître, avec un prix moyen au mètre carré de 5.843 euros dans les Alpes du Nord", précise la Fnaim.
Cette hausse des prix, combinée à l'effet des meublés touristiques, renforce l'attrait pour des logements mêmes peu énergétiquement efficaces. Les nouvelles réglementations instaurées pour limiter le marché des Airbnb ne toucheront pas les locations meublées avant 2034, ce qui incite encore plus de propriétaires à louer leurs biens sans effectuer de rénovations.
"Airbnb a considérablement contribué à rendre ces lits actifs, notamment dans des stations où les résidences secondaires représentent souvent 80% de l'habitat", déclare Jean-Luc Boch, président de l'Association nationale des maires de stations de montagne.
Certaines initiatives, comme le plan "Avenir Montagne" lancé par l'État, visent à diversifier l'économie des stations au-delà du ski. Cependant, la Banque des Territoires rappelle que la priorité ne sera pas nécessairement donnée à la rénovation thermique des logements. "Nous avons un budget de 200 millions d'euros, mais le sujet de la rénovation énergétique ne sera pas notre premier axe", a déclaré son président, Antoine Saintoyant.
Ce dilemme des lits froids représente donc un vrai défi pour l'avenir énergétique de la montagne française. Avec des efforts coordonnés, il sera crucial de trouver un équilibre entre développement économique et efficacité énergétique.







