Une peine de réclusion à perpétuité avec 22 ans de sûreté a été demandée mardi à l'encontre d'André Bacchiolelli, l'un des principaux accusés présent lors du procès à huis clos aux assises des Bouches-du-Rhône. Ce procès, qui concerne l'assassinat d'Antoine Sollacaro, avocat émérite et ex-bâtonnier d'Ajaccio, s'est ouvert mardi 9 décembre à Aix-en-Provence.
Après une journée marquée par huit heures d'audition, les procureurs ont décrit André Bacchiolelli comme l'exécutant responsable du meurtre survenu le 16 octobre 2012. À cette époque, Sollacaro avait été abattu de plusieurs balles dans la tête par des assaillants à moto alors qu'il se rendait quotidiennement à sa station-service pour acheter son journal.
« Ces requêtes sont à la fois peu convaincantes sur le plan de la culpabilité et excessives en matière de répression », a commenté Me Bruno Rebstock, l'un des avocats de Bacchiolelli, faisant état d'un mécontentement face à la démonstration apportée par le parquet.
Antoine Sollacaro, défenseur notoire de figures controversées comme Yvan Colonna et Alain Orsoni, a été décrit par Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice, comme une victime d'une « onde de choc » sur la société française. La violence de son assassinat avait profondément résonné sur l'île de beauté et au-delà.
Les avocats de la partie civile ont réaffirmé la force des preuves réunies : « Après 13 années d'instruction et cinq semaines d'écoute, les éléments à charge sont accablants », a déclaré Me Philippe Soussi, représentant la famille. Il a aussi souligné la pression psychologique exercée sur les témoins, souvent assaillis par la peur et des menaces, ce qui les conduit à modifier leurs témoignages au fil des années.
L'ancien bâtonnier, assassiné dans un contexte d'insécurité croissante, reste un symbole des luttes juridiques et des enjeux politiques en Corse. Le procès, qui a commencé le 3 novembre dernier, a observé la disjonction d'un autre suspect principal, Jacques Santoni, dont l'état de santé l'empêche de comparaître, provoquant des inquiétudes quant à la poursuite de l'affaire.
Ce huis clos a été imposé pour protéger Patrick Giovanonni, un repenti de la mafia corse, qui témoigne pour l'accusation et est également concerné par un autre dossier de tentative d'assassinat. Alors qu'une peine de cinq ans avec sursis a été demandée contre lui pour son implication dans une tentative d'assassinat, les répercussions de ces révélations essentielles, comme le ministre de la Justice l'a rappelé, pourraient avoir des conséquences bien au-delà de ce procès.
Le verdict final, attendu pour jeudi, pourrait donner des éclaircissements non seulement sur les circonstances du meurtre, mais aussi sur la profondeur des réseaux criminels en Corse. Alors que la défense se prépare à contre-attaquer, l'affaire Sollacaro demeure un enjeu crucial pour la justice française.







