Ahmed Kaabneh, un Bédouin déterminé, avait juré de protéger ses terres. Cependant, l'arrivée de colons israéliens à seulement 100 mètres de sa maison a bouleversé sa vie. Dans la région centrale de la Cisjordanie occupée, la communauté bédouine d'al-Hathrura fait face à une pression incessante, obligeant de nombreuses familles à fuir. Le petit village, construit de maisons en bois et en métal, est désormais quasiment désert.
"C'est douloureux de partir après 45 ans d’existence dans ce lieu," confie M. Kaabneh, qui a trouvé refuge avec sa famille dans une maison de fortune dans les collines rocailleuses près de Jéricho. "Mais que peut-on faire face à cette force? Nous sommes vulnérables et démunis." Depuis l'occupation de la Cisjordanie par Israël en 1967, le nombre de colons a explosé, dépassant les 500 000 aujourd'hui, tandis que la population palestinienne continue de souffrir.
Depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, la violence des colons, notamment dans les avant-postes illégaux, a considérablement augmenté. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) fait état de l'exode de quelque 3.200 Bédouins depuis cette date fatidique, et informe que le mois d'octobre de cette année a été le plus violent depuis 2006.
Les organisateurs de la société civile, comme l'association israélo-palestinienne Standing Together, rapportent que les agresseurs échappent souvent à la justice. En novembre 2023, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a tenté de minimiser la situation en évoquant "une poignée d'extrémistes," mais beaucoup ressentent l'absence de loi sur le terrain.
"C'est un territoire sans règles," affirme Sahar Kan-Tor, un activiste. "Bien qu'il existe des autorités, leur influence est minimal et les colonies continuent de croître avec le soutien tacite du gouvernement israélien et de l'armée." Les familles, comme celle de Kaabneh, sont maintenant contraints de vivre sous une menace constante ; des colons surplombent leur nouveau foyer, surveillant chaque mouvement. "Ils nous poursuivent partout," souligne-t-il, un souffle de désespoir dans la voix.
Pour les Bédouins d'al-Hathrura, la lutte pour la survie est devenue un combat quotidien contre un système qui semble ignorer leurs droits et leur existence. Les histoires de départs précipités et de maisons abandonnées témoignent d'un drame humain qui n’a que trop duré.







