Le fabricant de piles à hydrogène Symbio, situé en banlieue de Lyon, a annoncé ce mercredi la suppression de plus de 350 postes dans sa toute nouvelle usine. Cette décision apparaît comme une conséquence directe du retrait de Stellantis, l'un de ses principaux clients.
Lors d'une réunion avec les représentants du personnel, le plan de restructuration a été présenté, visant à réduire les effectifs de près de 70 %, passant de 530 à seulement 175 employés. Les élus du Comité économique et social (CSE) ont qualifié ce plan de "violence sociale rare dans notre secteur" et ont critiqué les mesures d'accompagnement proposées, jugées insuffisantes au regard des capacités financières des actionnaires.
Les syndicats alertent sur le climat d'incertitude qui règne parmi les employés, un sentiment amplifié par le caractère abrupt du plan annoncé. "Les salariés se trouvent dans un état de désarroi total", a déclaré Vincent Guilly, secrétaire du CSE.
La direction de Symbio, à travers son PDG Philippe Lucas, a confirmé que cette restructuration est essentielle pour la survie de l'entreprise face à l'annulation des commandes initialement prévues par Stellantis. Le dirigeant a insisté sur l'importance d'un accompagnement humain exemplaire durant cette transition, bien que ce dernier reste à prouver.
Inaugurée en grande pompe en décembre 2023, l'usine de Saint-Fons, la plus grande en Europe spécialisée dans les piles à hydrogène, avait suscité de grands espoirs pour l'avenir de l'hydrogène dans le secteur automobile. Financée à hauteur de 600 millions d'euros par l'État français dans le cadre d'un ambitieux plan européen, cette gigafactory visait une production de 15 000 systèmes hydrogène dès 2024, avec des objectifs d'augmentation à 50 000 d'ici 2026. Environ 80 % de sa production était destinée à Stellantis.
Cependant, comme l’a rapporté [Le Progrès](https://www.leprogres.fr/economie/2025/12/03/hydrogene-symbio-prevoit-de-supprimer-358-postes-dans-son-usine-de-saint-fons), Stellantis a finalement décidé de ne pas concrétiser ses prévisions de commandes, évoquant un manque de perspectives de rentabilité à moyen terme. Ce retrait a été jugé par Michelin, un autre actionnaire, comme "brutal et non concerté", engendrant des conséquences sur la viabilité de l'usine.
Des experts en économie et en transitions énergétiques appellent à une réflexion plus approfondie sur l'avenir du secteur. "Ces situations mettent en lumière les risques associés aux dépendances contractuelles et à la gestion stratégique des projets d'innovation", commente un analyste du marché automobile.







