La goélette Tara, emblème de la recherche océanographique, partira dimanche de Lorient, direction le Triangle de corail, une région où certains coraux affichent une étonnante résistance aux défis climatiques. Cette initiative de la Fondation Tara vise à comprendre les mécanismes qui permettent à ces organismes marins de survivre dans un monde en mutation rapide.
Paola Furla, professeure à l’université Côte d’Azur et directrice scientifique de l’expédition, souligne l’importance de cette recherche : « Il est urgent de comprendre comment ces coraux s’adaptent alors que la menace de disparition pèse sur plus de 40 % des espèces coralliennes dans le monde », déclare-t-elle. La mission s’inscrit dans un contexte global où les récifs coralliens, surnommés « oasis de la mer », représentent 0,2 % de la surface des océans mais abritent 25 % de la biodiversité marine.
Au cours des 17 mois de l’expédition intitulée “Tara Coral”, 67 scientifiques, incluant des experts locaux, se relaieront sur dix sites différents pour prélever des échantillons et effectuer diverses analyses. L’objectif est de découvrir pourquoi et comment certains coraux prospèrent tandis que d’autres périclitent sous l’effet de la hausse des températures océaniques. Selon Serge Planes, directeur de recherche au CNRS et également au cœur de ce projet, plusieurs facteurs tels qu’une plus grande diversité d’organismes pourraient intervenir dans cette résilience.
Les scientifiques adopteront une approche holistique, examinant non seulement les coraux eux-mêmes, mais aussi les micro-organismes qui interagissent avec eux. Parmi ceux-ci figurent les zooxanthelles, algues essentielles pour le bien-être du corail, car elles lui fournissent 90 % de ses nutriments via la photosynthèse. Quand les températures augmentent, cette symbiose chutent, entraînant le blanchissement des coraux et leur mort éventuelle.
Les prélèvements incluront aussi des analyses sophistiquées : qualité de l’eau, sédiments, microplastiques, et même ambiance climatique grâce à des carottages. Les résultats de cette recherche s’annoncent cruciaux, tant pour la compréhension des écosystèmes marins que pour la préservation des récifs coralliens dans le futur. Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Océan, conclut : « Dix ans après l’Accord de Paris, cette expédition souligne l’urgence de respecter cet accord pour protéger notre planète. »







