Après une séance haletante, l'Assemblée nationale a réintroduit la suspension de la réforme des retraites dans le budget de la Sécurité sociale, compliquant davantage la situation budgétaire du pays. La prochaine étape se déroulera mardi avec un vote sur l'ensemble du texte, dont l'issue demeure incertaine.
Dans la nuit de vendredi à samedi, les députés ont quasiment achevé l'examen des articles en nouvelle lecture, à l’exception d'un point essentiel : l’objectif des dépenses de l'assurance maladie, qui sera discuté ce mardi. La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a annoncé son intention d'introduire un amendement visant à porter l'augmentation des dépenses de cette branche à 3%, alors que beaucoup estiment que l'objectif précédent, fixé à 2%, était insuffisant.
Lors du débat, une mesure controversée concernant le gel des pensions de retraite et des minima sociaux a été rejetée une nouvelle fois, tout comme lors de la première lecture. Pourtant, le Sénat avait tenté de la rétablir dans un souci d'économies. Il est à noter que le Sénat s'est aussi opposé à la suspension de la réforme, un accord politique ayant conduit à la réintroduction de cette dernière au sein de l'Assemblée avec un résultat de 162 voix contre 75.
Le contexte budgétaire est particulièrement tendu. Selon la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, le déficit de la Sécurité sociale pour 2026 pourrait atteindre 22,5 milliards d'euros, sans compter les transferts prévus de l'État vers les caisses de la Sécu pour pallier ces déficits, alors que le gouvernement espérait le maintenir à 20 milliards d'euros. Cela crée une pression supplémentaire sur le gouvernement, déjà critiqué par des experts tels que Frédéric Valletoux, qui avertit : « Le grand perdant, c'est le déficit de la Sécurité sociale. »
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a fait face à des appels à utiliser l'article 49.3 de la Constitution pour éviter un vote risqué, mais a une nouvelle fois exclu cette option cette semaine. La partie recettes du budget a connu un passage serré, approuvée par 166 voix contre 140, illustrant ainsi les divisions au sein même de la majorité gouvernementale. Des groupes politiques tels que le RN, l'UDR, LFI et d'autres écologistes ont voté contre, tandis que les Républicains et Horizons se sont largement abstenus.
Les résultats de ce vote très disputé sont à la fois un succès temporaire pour le gouvernement et un avertissement face aux incertitudes qui persistent. Bien que certains applaudissent les efforts de concertation, d'autres demeurent sceptiques quant à la viabilité du projet de loi devant une Assemblée divisée.
En parallèle, le Sénat se concentre également sur l'examen du budget de l'État, ayant déjà donné son accord à la suppression de 4.000 postes d'enseignants, un autre sujet de controverse qui soulève de vifs débats au sein de la classe politique.







