Une femme de ménage de 50 ans, atteinte d'érotomanie, a été condamnée à quatre mois de prison pour avoir harcelé son employeur pendant plus de deux ans et demi. Convaincue qu'elle avait un lien amoureux avec ce dernier, elle lui a adressé plus de 1 400 messages et passé plus de 200 appels, perturbant gravement sa vie quotidienne.
La victime, un enseignant de mathématiques lui aussi âgé de 50 ans, a décrit son éprouvant récit devant le tribunal judiciaire de Bayonne. Il a métaphoriquement qualifié sa souffrance de « torture », évoquant une période d'enfer durant laquelle il a failli être amené à se défendre pénalement. « J'ai presque touché le fond de l'abîme », a-t-il partagé, soulignant l'angoisse qui l'a assailli pendant cette épreuve.
La femme à l'origine de ce harcèlement a disparu pendant le procès et n'était pas présente lors de l'audience. Entre janvier 2023 et juin 2025, accumulant les comportements intrusifs, elle s'est également présentée à son domicile à plusieurs reprises et a déversé des déchets devant sa porte, intensifiant ainsi la détresse de sa victime.
L'érotomanie, une pathologie difficile à traiter, est caractérisée par la conviction délirante d'être aimé par une autre personne. Explications avancées par plusieurs spécialistes, dont le psychiatre Dr. Jean-Pierre Moreau, qui souligne que « cette forme de délire passionnel peut faire basculer des individus dans des comportements destructeurs, tant pour eux que pour leurs cibles. » La femme de ménage pensait avoir reçu des signes d'affection de la part de son employeur, ce qui s'est transformé en une obsession dévastatrice.
Le débat sur la santé mentale dans les cas de harcèlement est essentiel. Maître Alain Astabie, l'avocat de la victime, a qualifié sa cliente de « femme dangereuse », insistant sur la nécessité d'une approche thérapeutique, tout en exprimant des craintes quant à l'efficacité des sanctions judiciaires. « Une simple condamnation ne sera peut-être pas suffisante pour mettre fin à cette spirale », a-t-il déclaré.
Le procureur Fanny Fournier a requis huit mois de prison, dont quatre avec sursis, soulignant l'importance d'une peine aménageable pour permettre à la femme de recevoir les soins adéquats. Dans un monde où la santé mentale est souvent négligée, cette affaire met en lumière la complexité de la justice et la nécessité de trouver un équilibre entre punition et soins.
Les retombées de cette affaire, déjà médiatisée par plusieurs organes de presse, notamment Sud Ouest, déclenchent un débat plus large sur les conséquences du harcèlement moral, tant au niveau personnel que sociétal. Alors que les victimes sont souvent laissées seules face à leurs démons, il devient crucial de sensibiliser le public à ces enjeux et d’encourager les discussions autour de la prévention et du soutien.







