Au Sénégal, de nombreux consommateurs cherchent des moyens économiques pour regarder la Coupe d'Afrique des nations (CAN) 2025, qui se déroule actuellement au Maroc. Face à l’augmentation des coûts des bouquets télévisuels, l’IPTV (télévision par Internet) s’impose de plus en plus comme une alternative attractive, bien que controversée.
Dans les quartiers populaires de Dakar, comme à Pikine, des férus de football, tels qu’Abdou, jonglent avec des milliers de chaînes pour accéder à ces événements sportifs. “Avec l’IPTV, je peux suivre les chaînes sportives du monde entier. C’est vraiment génial !”, déclare Abdou. Son abonnement annuel coûte 35 000 FCFA (environ 53 euros), ce qui équivaut au coût d'un mois d’abonnement traditionnel à un bouquet TV comme Canal +.
Ce phénomène n'est pas isolé. Des dizaines de milliers de Sénégalais se tournent vers l’IPTV, attirés par les tarifs abordables, notamment en période de compétition sportive majeure. Des opérateurs d’IPTV, souvent situés à l’étranger, agissent de manière discrète, proposant des installations à distance via des applications comme WhatsApp. Durant la CAN, la demande pour ces services augmente considérablement selon un opérateur contacté sous anonymat.
Cependant, cette solution économique comporte des risques notables. D'après le Dr Issa Isaac Sissokho, expert en régulation numérique, “Bien que l’IPTV ne soit pas illégale en soi, sa distribution l’est souvent en raison de l'absence d'autorisation de la part des autorités.” Les utilisateurs peuvent, à leur insu, devenir complices d’activités illégales et s'exposer à des sanctions en cas de saisie des données des utilisateurs. Ce phénomène est alarmant dans un pays où le salaire minimum est de 58 000 FCFA, et la majorité des Sénégalais peinent à établir leur budget pour les loisirs, notamment sportifs.
En plus des préoccupations juridiques, les utilisateurs d’IPTV signalent des désagréments tels que des retards dans la transmission des matchs, rendant l’expérience moins satisfaisante lorsque les téléspectateurs d’autres plateformes réagissent avant eux. Alpha, un autre abonné, se désole de devoir attendre jusqu'à trois minutes pour voir les événements en direct.Le manque d'accès aux chaînes publiques diffusant les matchs, qui représentent seulement 60 % des événements de la CAN, souligne la nécessité d'une réforme dans la diffusion sportive. “Les télévisions publiques devraient être en mesure de diffuser plus de matchs sans devoir payer des droits exorbitants,” soutient Mamadou Baal, ancien directeur de la Radiodiffusion télévision sénégalaise.
Ainsi, alors que l’IPTV semble être une solution à court terme pour de nombreux Sénégalais, il est crucial d’envisager les implications à long terme tant sur le plan légal que sur l’expérience utilisateur. La situation actuelle appelle à une réflexion critique sur comment rendre le sport accessible à tous, sans nuire à la légalité et à l’équité dans le secteur de la diffusion.







