Depuis plusieurs semaines, la scène politique bulgare est marquée par une intense agitation. Le Premier ministre, Rossen Jeliazkov, a annoncé sa démission suite à des manifestations massives sur fond de corruption. Ce climat d’insatisfaction populaire survient alors que la Bulgarie s'apprête à adopter l'euro en janvier 2026, un changement qui suscite de vives inquiétudes parmi les citoyens concernant une éventuelle flambée des prix.
Mercredi dernier, des dizaines de milliers de Bulgares se sont rassemblés dans les rues de Sofia et d'autres villes pour exprimer leur colère envers un gouvernement jugé corrompu. “La corruption est omniprésente, nous ne pouvons plus vivre comme cela,” a affirmé Gergana Gelkova, une manifestante de 24 ans. Ce mouvement de contestation, qui a débuté fin novembre, s’est amplifié suite à la tentative du gouvernement de faire adopter un budget prévoyant une augmentation des impôts, en pleine crise de confiance.
Cette démission n'est pas isolée ; au cours des quatre dernières années, la Bulgarie a organisé sept élections. Le gouvernement actuel avait été formé d'une coalition fragile regroupant le parti GERB de l’ancien Premier ministre Boïko Borissov et d'autres formations. Cependant, face à la pression polarisante des manifestations, le Premier ministre a été contraint de retirer son projet de budget qui ne plaisait guère au peuple, selon de nombreuses voix dans la rue qui doutent de la transparence des décisions gouvernementales.
Avec l’annonce de nouvelles élections, le président Roumen Radev a déjà prévenu que le Parlement devra valider cette démission, mais il semble que les principaux partis ne soient pas disposés à collaborer pour la formation d'un nouveau gouvernement. Au lieu de cela, des élections anticipées devraient avoir lieu dans les deux mois suivant cette crise politique.
En parallèle, l'introduction de l'euro, bien que jugée nécessaire pour l'intégration de la Bulgarie dans l'Union européenne, est également perçue comme une source de stress économique pour de nombreux citoyens. “La réforme économique doit être menée avec prudence,” insiste Petar Ganev, expert à l’Institut pour l’économie de marché. L'avènement de cette nouvelle monnaie coïncide avec des préoccupations croissantes sur le coût de la vie, exacerbées par des politiques budgétaires jugées laxistes.
Dans un pays déjà dans le rouge au niveau économique, cette tempête politique pourrait avoir des répercussions significatives. Comme l’a souligné une récente étude de MarketLinks, plus de 70% des Bulgares soutiennent le mouvement de protestation, indiquant une société profondément unie contre le modèle de gouvernance actuel.
Alors que les responsables politiques tentent de calmer les esprits, les citoyens semblent déterminés à poursuivre leur combat pour une gouvernance plus transparente et équitable. L’avenir politique du pays reste incertain, mais une chose est claire : l'appel à des réformes est plus fort que jamais.







