Dans un contexte géopolitique en pleine mutation, l'Asie-Pacifique s'affirme comme le nouveau centre de gravité de la croissance mondiale. Sophie Boisseau du Rocher, co-autrice de « L’Asie-Pacifique nouveau centre du monde », souligne l'importance d'une approche plus stratégique de la part des Européens. Selon elle, la France, à travers ses relations historiques avec la Chine, doit naviguer habilement à travers les complexités de ce partenaire économique incontournable.
La récente visite d'Emmanuel Macron en Chine visait à maintenir un dialogue ouvert avec une nation qui incarne une puissance émergente, représentant un déficit commercial d'environ 350 milliards de dollars entre l'Europe et la Chine. Cette situation illustre la nécessité pour l'Europe de reconsidérer ses bases industrielles et les relations avec des puissances asiatiques, d'autant plus que les États-Unis semblent se concentrer sur d'autres priorités.
« Les Européens doivent se remettre en question », affirme Boisseau du Rocher, soulignant la nécessité de lutter contre la désindustrialisation tout en développant des relations équilibrées avec l'Asie. Un défi qui se heurte à des perceptions souvent biaisées des rôles de chaque acteur sur la scène internationale.
La Chine, pour sa part, exploite un sentiment de nationalisme historique, nourri par des mémoires de conflits passés. Cette dynamique joue un rôle clé dans la politique intérieure et extérieure du pays, comme l’indiquent divers analystes. Le « nationalisme chinois », alimenté par des événements tels que le pillage du Palais d'été en 1860, reste un outil puissant pour mobiliser le soutien populaire et légitimer ses ambitions sur la scène mondiale.
Des experts s'accordent à dire que, malgré les tensions, un conflit ouvert est moins probable qu'on ne le pense, notamment en ce qui concerne Taïwan. La complexité des intérêts économiques – 60% des exportations taïwanaises étant dirigées vers la Chine – nuance les discours bellicistes, suggérant une volonté commune de maintenir un statu quo favorable.
Alors que l'Asie s'affirme sur le devant de la scène, l'Europe doit faire face à un impératif clair : adopter une approche réaliste et proactive. À travers une réévaluation de ses priorités, l'Europe pourrait transformer ces défis en opportunités pour renforcer sa présence et son influence dans un monde en pleine évolution.







