Ce jeudi, Bruxelles devient le point focal de l'indignation agricole alors que la Commission européenne tente de procéder à la signature d'un traité de libre-échange avec le Mercosur. La FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles) et les JA (Jeunes Agriculteurs) se sont mobilisés, annonçant des manifestations qui pourraient mener à des blocages prolongés si leurs revendications ne sont pas entendues.
Selon les organisateurs, près de 10 000 manifestants venus de toute l'Europe, accompagnés de 500 tracteurs, sont attendus dans la capitale belge. Ils protestent non seulement contre l'accord avec le Mercosur, mais aussi contre le futur budget de la Politique Agricole Commune (PAC), qui sera réduit de 20 % entre 2028 et 2034. Franck Sander, vice-président de la FNSEA, a commenté : "Une telle mobilisation, c’est du jamais vu depuis plus de 10 ans", soulignant l'ampleur du mouvement.
Les agriculteurs français, représentant une part significative de la mobilisation, veulent exercer une pression continue sur le Conseil européen. Parmi les pays membres, l'Italie, sous la direction de la présidente Giorgia Meloni, joue un rôle crucial. Après avoir changé de position récemment, Meloni s'est jointe à la France pour demander un retard du vote afin d'obtenir des "garanties additionnelles" sur les mesures de sauvegarde et les contrôles sanitaires aux frontières de l'UE. Cette coalition pourrait former une minorité de blocage, un point stratégique face à un traité qui divise autant qu'il unit.
En parallèle, les voix des agriculteurs se font entendre partout en France. Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA, insiste : "Aucun compromis n’est possible. Ce traité avec le Mercosur, c’est non, non et non". Les tensions autour de cet accord, qui permet à l'Union européenne d'importer des produits agricoles tels que le viande bovine et le sucre en échange d'une ouverture du marché européen pour ses produits industriels, suscitent des inquiétudes quant à la viabilité de l'agriculture locale.
À l’approche de la date fatidique de la signature prévue par Ursula von der Leyen, le président Emmanuel Macron est sous pression pour adopter une position claire. Beaucoup d'agriculteurs espèrent une déclaration forte de sa part, comme l’a exprimé Quentin Le Guillous, secrétaire général des JA : "Si rien ne se passe, je serai le premier à atteler mon tracteur". Les répercussions de ce traité pourraient marquer un tournant dans l’avenir de l’agriculture française.
Les agriculteurs ne se contentent plus d’être de simples observateurs. Leur mobilisation est un appel urgent à la solidarité au sein d'une Europe dont les politiques commerciales pourraient avoir des conséquences profondes sur leur avenir.
Sources : Le Monde, France Info







