Paris – L'affaire fait grand bruit. Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, a exprimé son soutien à un élu du Nord condamné par la cour d'appel de Douai à 18 mois de prison avec sursis et à deux ans d'inéligibilité pour détournement de fonds. Cette déclaration a choqué deux syndicats de magistrats, qui jugent cette prise de position inappropriée.
Dans une lettre ouverte, l'Union syndicale des magistrats (USM) a qualifié ce soutien public de "problématique sur le plan institutionnel". Les magistrats estiment que, après une décision de justice, il n'est pas approprié pour un membre du gouvernement d'exprimer un soutien à un justiciable. "Ce message a été reçu avec consternation", a ajouté l'USM, pointant du doigt un mélange des genres qui pourrait nuire à la confiance des citoyens dans les institutions judiciaires.
Le Syndicat de la magistrature (SM), quant à lui, a accusé M. Darmanin de ne pas respecter la séparation des pouvoirs. "Le premier devoir du garde des Sceaux est de faire respecter les décisions de justice", a-t-il affirmé. Les leaders syndicaux mettent en garde contre les conséquences du clientélisme et du favoritisme sur la perception de la justice.
A noter que ce n'est pas la première fois que le ministre fait l'objet de critiques pour ses remarques après des décisions judiciaires. Rappelons qu'après la condamnation de Nicolas Sarkozy dans l'affaire du financement libyen, Darmanin avait exprimé sa "triste réaction" et même visité l'ancien président en prison, une démarche qui avait également soulevé des questions sur l'éthique de ses agissements.
Plusieurs experts s'interrogent désormais sur les implications de ces déclarations pour l'indépendance judiciaire en France. Jean-Pierre Mignard, avocat et ancien conseiller de François Hollande, a déclaré à France Info : "Ces interventions de la part d'un ministre, surtout un des principaux responsables de la justice, sont inquiétantes et risquent d'alimenter les doutes sur le fonctionnement de notre démocratie". Les syndicats de magistrats rappellent également l'importance de la séparation des pouvoirs dans une démocratie, un musée des injustices qui pourrait être dangereusement altéré.
Alors que les débats se multiplient sur la question, l'entourage de Darmanin a refusé de commenter davantage, laissant planer le doute sur ses intentions et les conséquences futures de ses déclarations.







