L'affaire des « viols de Mazan » interroge non seulement sur la gravité des faits jugés, mais également sur le comportement des acteurs de la justice. Nadia El Bouroumi, avocate basée à Avignon, s'est retrouvée sous le feu des critiques après avoir diffusé une vidéo dans laquelle elle dansait sur le tube « Wake Me Up Before You Go » de Wham!. Cette vidéo a été publiée alors même que Dominique Pelicot était jugé pour avoir soumis son épouse à des violences inhumaines, la droguant afin de la violer et de la faire violer par des dizaines d'hommes sur plus d'une décennie.
Le conseil régional de discipline de la cour d'appel de Nîmes a tranché en infligeant à El Bouroumi une suspension de quatre mois, dont deux mois avec sursis. Lors d'une audience, le bâtonnier du barreau d'Avignon, Me Philippe Cano, avait appelé à une sanction de 18 mois d'interdiction d'exercer, arguant d'un manque de « modération et délicatesse » de sa part.
La première vidéo, où l'avocate commentait le déroulement d'une audience, a été jugée acceptable, mais la seconde, où elle affichait un comportement léger en pleine controverse, a provoqué l'indignation des observateurs et des professionnels du droit. Selon des sources proches du dossier, cette attitude aurait porté atteinte au respect dû à la gravité de l'affaire judiciaire.
Nadia El Bouroumi, âgée de 46 ans, a annoncé son intention de faire appel de cette décision. Dans un communiqué, elle a affirmé contester « avec la plus grande fermeté » la sanction. Ses avocats, Me Khadija Aoudia et Me Olivier Morice, mettent en lumière que ces vidéos font partie intégrante de l'exercice de la liberté d'expression des avocats, qui doivent parfois se montrer provocateurs pour défendre leur point de vue.
Les réactions au sein de la profession sont partagées. Certains soulignent la nécessité d’un comportement mesuré pour maintenir la dignité de la fonction d’avocat, tandis que d'autres, comme l'expert en droit pénal Maître Bernard Boucault, affirment que « la provocation a sa place dans le débat judiciaire, tant qu'elle ne nuit pas aux victimes ». D’autres voix se sont élevées contre ce qu'ils appellent une « inégalité de traitement », citant le cas de l'ancien président Nicolas Sarkozy qui continue d'exercer malgré de lourdes condamnations pénales.
Cette affaire soulève des questions plus larges sur la frontière entre la liberté d'expression et les attentes éthiques en matière de professionnalisme au sein de la justice. Le débat est loin d'être clos.







