À Moscou, alors que les festivités du Nouvel An approchent, la situation économique pèse lourdement sur les foyers. La hausse continue des prix et l'incertitude liée au conflit en Ukraine forcent de nombreuses familles à revoir leurs traditions et à adopter des fêtes plus modestes.
Les marchés, comme celui d'Izmaïlovo, traditionnellement connus pour leurs décorations festives, deviennent cette année un lieu de chasse aux bonnes affaires. Entre les souvenirs artisanaux et les objets en bois, des Moscovites, comme Ekaterina et Anastasia, parcourent les allées à la recherche de décorations abordables. "On ne pourra pas s'offrir de caviar, mais au moins, on retrouvera un peu de magie dans nos appartements", confie Ekaterina, récemment licenciée.
Un Nouvel An resserré
Les préparatifs pour le réveillon s’annoncent chers : pour une famille de quatre, le coût moyen est estimé entre 5 700 et 5 800 roubles, une augmentation de près de 5 % par rapport à l'année précédente. Toutefois, cette hausse paraît insoutenable pour de nombreuses familles dont les revenus stagnent. Des experts économiques estiment que la réelle inflation ressentie par la population pourrait dépasser les chiffres officiels, atteignant jusqu'à 14 % selon une étude récente.
Le caviar rouge, un symbole emblématique de la fête, devient désormais inaccessible, coûtant jusqu'à 10 000 roubles le kilogramme. Les prix des produits de base, tels que les pommes de terre, ont explosé de 173 % cette année, illustrant une précarité croissante même au sein des grandes villes comme Moscou et Saint-Pétersbourg.
Une célébration marquée par la sobriété
Traditionnellement riche en mets fins, la table du Nouvel An se transforme cette année. La célèbre salade Olivier, un mélange de légumes simples, fait office de substitut aux plats raffinés. Les Moscovites se tournent également vers la nostalgie, avec des films soviétiques diffusés à la télévision, rappelant des temps perçus comme plus stables.
Entre espoir et désillusion
Alors que minuit approche, le discours du président est accueilli avec une froide indifférence, bien loin de l’enthousiasme d’antan. Pour Nadejda, trentenaire et jeune mère, cette allocution évoque surtout la guerre : "Chaque année, on attend ce discours, mais il n'apporte que déceptions. J’aimerais que la guerre prenne fin. Mes proches méritent d’être ici, pas au front." Son achat d'une matriochka devient un symbole d’espoir fragile dans un contexte incertain.
Pour beaucoup, se détourner de la télévision le soir du Nouvel An pourrait devenir une façon de se préserver des souvenirs douloureux, tout en cherchant des instants de bonheur, même modestes. Dans une société où l’angoisse est palpable, ces nouvelles traditions représentent un moyen de faire face tout en gardant une lueur d’espoir pour l’avenir.







