Le 18 décembre, Bernard Bousset, le dernier Français condamné pour homosexualité, s’est exprimé sur franceinfo, soulignant l'urgence de la reconnaissance des victimes de lois pénalisant l'homosexualité, alors que le Parlement se prépare à discuter de l'indemnisation de ces personnes.
Le sujet reste délicat : le Sénat est opposé à l'indemnisation, tandis que l'Assemblée s'y montre favorable. Quarante ans après l'abolition de ces lois, pourquoi cette question demeure-t-elle si divisive ?
Grande attente des victimes
Selon Bousset, âgé de 84 ans et condamné il y a plus de soixante ans, la lenteur du processus est frustrante. "Cela fait quatre ans que le projet est débattu, sans qu'un accord puisse être trouvé. Combien de temps devons-nous encore attendre ? Les victimes sont presque toutes décédées", s'inquiète-t-il. Des recherches menées par Ariane Chemin pour Le Monde ont révélé qu'il ne reste que peu de témoins vivants, rendant encore plus cruciale la nécessité de cette indemnisation.
La responsabilité de l'État
Bien que le Sénat ait reconnu la responsabilité de l'État dans le traitement discriminatoire envers les homosexuels, il fait encore face à des réticences concernant l'indemnisation. Bousset insiste sur l'impact dévastateur que ces lois ont eu sur la vie d'innombrables personnes. "Les conséquences ont été tragiques : suicides, emprisonnements et mariages forcés. J’ai vécu dans la honte, constamment en lutte avec mon identité. Au-delà de la reconnaissance symbolique, une indemnisation est cruciale pour réparer ces vies brisées."
Inquiétudes pour l'avenir
Dans un contexte où les agressions homophobes continuent d'augmenter, Bousset met en lumière les défis persistants : "Aujourd'hui encore, la mentalité n'a pas changé, même après le mariage pour tous. Il existe une profonde résistance, en particulier en dehors des grandes villes."
Une histoire partagée
Les jeunes générations, lorsqu'elles apprennent l'existence de la loi pénalisant l'homosexualité jusqu'en 1982, montrent souvent leur étonnement. "Il est essentiel de transmettre cette mémoire", souligne-t-il. "Je leur explique que j’ai été condamné parce que j’étais qui je suis. Ces histoires doivent être racontées pour que cela ne se reproduise jamais."
Un message d'espoir
Bousset conclut qu'une reconnaissance législative de cette tragédie serait un pas symbolique important, mais il reste sceptique quant à sa réalisation de son vivant. "Ma condamnation est un souvenir qui ne s'effacera jamais. Néanmoins, j’espère que les futures générations vivront dans un monde où l’amour sera célébré et non puni."
Ces préoccupations sont partagées par de nombreux militants des droits LGBTQ+, qui continuent de revendiquer la reconnaissance et l'indemnisation des victimes des lois répressives d'hier. En effet, comme l'a noté l'écrivain et militant Benjamin Neves dans un article pour Libération, "reconnaître l'injustice passée est essentiel pour bâtir un avenir meilleur, fondé sur le respect de la diversité."







